Les gendarmes du Peloton d’intervention 2e génération de Dijon (PI2G), sorte de GIGN mais en version interrégionale, viennent d’investir la chambre à coucher. Ouverte d’un violent coup de pied, la porte heurte un mur, comme en témoigne un trou dans le plâtre. « Ils ont allumé toutes les lumières et quand j’ai ouvert les yeux, ils étaient tous là au-dessus de moi. Casqués, cagoulés et armés. Au moins une dizaine de personnes autour du lit. J’ai cru qu’il s’agissait d’un cambriolage », témoigne la Néodomienne terrorisée et cramponnée à ses couvertures. « Je n’étais pas en tenue adaptée et ils m’ont arraché la couette en criant : les mains en l’air, c’est la gendarmerie ! Je hurlais », poursuit la jeune femme pendant que les gendarmes vérifient les autres pièces. Vides.
« Depuis, c’est très dur psychologiquement. Je sursaute au moindre bruit »
« Ils m’ont demandé où était mon copain et combien d’appartements – trois – composaient l’immeuble ». En possession de ces informations, les gendarmes se rendent compte de leur bévue. Ils se sont trompés d’adresse. Les dealers présumés habitent sous le même porche. Mais la porte à côté. À moins de 5 m. Demi-tour, droite. La porte blindée des suspects, verrouillée par deux énormes serrures, résiste de longues minutes à l’arsenal déployé pour la forcer. Coups de feu, coups de bélier… Le PI2G parvient à pénétrer dans les locaux de leur cible – un homme d’une trentaine d’années – qui parvient à s’échapper, en slip, par les toits. Avant d’être finalement interpellé avec un second individu.Outre des traces de bottes et quelques dégâts dans les murs, ce déboulé de cagoules laisse aujourd’hui un insondable traumatisme chez Gwladys. « Ils sont repartis de chez moi en courant, sans excuses. Un gendarme en civil repassera tout de même plus tard pour me demander s’il n’y avait pas de bobos. Mais depuis, c’est très dur psychologiquement. Je sursaute au moindre bruit », assure Gwladys qui a vécu cette intrusion « comme un viol ». « Ils font leur boulot, OK, mais ils n’auraient pas dû se tromper de porte. Sur la mienne, il y a les noms de mon ami et moi. » Chez les suspects en revanche, c’est carré blanc sur l’étiquette de la sonnette équipée d’un visiophone.
La victime se demande encore comment les gendarmes ont pu s’introduire chez elle. Sans casser sa porte d’entrée. « Après l’intervention, l’un d’eux, cagoulé, m’a rendu la clé sécurisée de ma porte d’entrée ! Puis la gendarmerie de Neuves-Maisons m’a donné le reste de mon trousseau. » Comment les clés de Gwladys – qui ne faisait pas partie des cibles de la gendarmerie – se sont retrouvées en possession des enquêteurs de la Section de recherches de Nancy qui dirigeait ce coup de filet ? « Ils m’ont dit qu’ils étaient venus effectuer des reconnaissances sur place, la veille, et qu’ils avaient, comme par hasard, trouvé un trousseau de clés par terre ! » Une explication pour le moins rocambolesque, non ? Le couple a porté plainte à la gendarmerie de Neuves-Maisons. En espérant obtenir réparations des dégâts matériels. Les traces psychologiques, elles, seront beaucoup plus difficiles à effacer.
http://www.estrepublicain.fr/meurthe-et-moselle/2013/10/17/la-peur-de-ma-vie
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