Grand, mince, élégant, coiffé avec soin et habillé de vêtement de marque, l’homme de presque soixante ans s’exprime avec un vocabulaire soigné. Son allure détone dans le box des prévenus du tribunal correctionnel de Bordeaux où il comparaît ce vendredi 25 octobre.
On lui reproche d’avoir acquis et détenu des armes de 4e catégorie (armes à feu dites de défense et leurs munitions, dont l’acquisition et la détention sont soumises à autorisation) sans autorisation, ainsi que de nombreuses munitions.
Longtemps, il a été agent immobilier. Mais ses affaires ont tourné court. Aujourd’hui, il fait l’objet de six procédures collectives devant le tribunal de commerce.
Son couple aussi se défait et son épouse a demandé le divorce. Alors quand une amie, intime de cette dernière, a confié ses inquiétudes à la police, les choses ont été prises très au sérieux. Dans son témoignage, elle a indiqué qu’il possédait de nombreuses armes et proférait à demi-mot des menaces. Mi septembre, sur ordre du Parquet, la police est intervenue à son domicile avec l’appui du GIPN.Un revolver Smith et Wesson 44 magnum, un Astra 357 magnun, une carabine Remington semi-automatique ont notamment été découverts disséminés dans la maison.
« Il est mentionné que vous prépariez la venue annoncée d’un huissier et que vous auriez dit que vous ne vous tueriez pas mais que vous le feriez faire par les gendarmes ? », questionne la présidente Cécile Ramonatxo. L’homme ne confirme pas. Il justifie la présence de ces armes par sa passion pour le tir et rappelle qu’il est licencié dans un club depuis trente ans et possède les autorisations.
« Les autres armes étaient à mon beau-père. Lorsqu’il est décédé, comme on connaissait mon goût pour le tir et que personne n’en voulait, elles ont été remises à ma femme. C’est elle qui les a ramenées », explique l’agent immobilier déchu qui confie aussi que son épouse a déposé sa demande de divorce alors qu’il était en détention.
Il avait comparu une première fois en septembre après son interpellation mais une expertise psychologique avait été demandée et l’audience reportée à vendredi. Il a été maintenu en prison pendant ce temps.
« La lecture des témoignages faisait état de choses préoccupantes, a rappelé la vice-procureur Isabelle Gentil. L’inquiétude la plus prégnante a guidé les choix du parquet. Il y avait une légitime inquiétude sur l’état du prévenu et la façon dont il se positionne. » D’où le choix de faire intervenir le GIPN « pour assurer la sécurité de tous, y compris la sienne ».
Pour Isabelle Gentil, le fait que l’homme, « y compris après plusieurs semaines de détention provisoire, n’entend pas cette inquiétude, légitime ces choix ». Elle demandait un an de prison avec sursis et mise à l’épreuve assortie de plusieurs obligations, dont celle de ne plus être autorisé à revenir à La Teste et de détenir des armes.
« À 59 ans, il n’a jamais fait parler de lui », avançait en réponse son défenseur, Me François de Contencin . « Celle qui a fait la révélation des menaces, amie intime de son épouse, est la sœur d’un officier de gendarmerie patron d’une section des recherches. Comme c’est lui qui a appelé la police à Bordeaux, on a envoyé la troupe. Et ça s’est tellement mal passé que lorsque le GIPN a sonné, c’est lui qui a ouvert la porte », ironisait l’avocat, pour qui la réalité du dossier ne justifiait pas l’inquiétude invoquée par le parquet. Puisque plusieurs des armes étaient détenues sans autorisation, il admettait une sanction « Mais qui recouvre le temps qu’il a passé en détention provisoire et assortie d’un sursis avec mise à l’épreuve ».
Le tribunal a prononcé une peine de six mois avec sursis et mise à l’épreuve, avec l’interdiction de revenir à La Teste et de détenir des armes. Et celles qu’il possédait ont été confisquées.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire