Le 22 septembre 2012, à Cannes, un policier meurt dans une effroyable collision. Son collègue Mickaël Fillon survit. Aujourd’hui, il attend le procès du chauffard qui aura lieu en décembre
Mickaël Fillon n'oubliera jamais la nuit du 22 septembre 2012. Il y a un an, alors qu'il patrouille de nuit dans les rues de Cannes, avec son collègue Amaury Marcel, Adel Briki, ivre et au volant d'une puissante voiture de location, roulant à contresens percute leur véhicule.
Un choc d'une extrême violence qui coûte la vie à Amaury, 27 ans. Et laisse Mickaël dans un état critique. Une des passagères du chauffard multirécidiviste est également tuée dans la collision. Bilan : deux familles brisées par le chagrin, des proches sous le choc et un commissariat endeuillé. Un an après le drame, Mickaël Fillon est en pleine reconstruction.
Adel Briki sera jugé le 10 décembre, qu'attendez-vous de ce procès ?
De pouvoir passer à autre chose. Un an à attendre ce procès, ça commençait à faire long. Mais je connais bien la justice. S'il prend 12 ans, ça sera déjà bien. Ce n'est pas parce que je suis fonctionnaire de police que le résultat sera différent.
Le chauffard qui vous a percuté avait déjà été condamné à 14 reprises…
Des gars comme lui, j'en ai vu des centaines… Même s'il fait dix ans de prison, il recommencera. Il ne mesure absolument pas ses actes. Il a été accueilli à la prison de Grasse comme un héros, c'est un tueur de flic… Mais ce n'est pas le seul fautif, on ne l'a pas sanctionné au bon moment, quand on aurait dû le faire. Il a réussi pendant son année d'incarcération à reprendre 18 mois pour trafic de stupéfiant.
Êtes-vous en contact avec la famille d'Amaury ?
Oui, on est en contact régulier. J'essaye de les préparer au fait que ce n'est pas parce que le chauffard risque 20 ans qu'il va prendre 20 ans. J'espère vraiment que la déception ne sera pas trop profonde pour eux à l'heure du jugement.
Vous avez repris le travail ?
Oui, au mois de juin et contre avis médical. J'en avais besoin. Ça m'a fait du bien de faire autre chose que de la rééducation. Et j'ai pensé que c'était le bon moment pour revenir et essayer au maximum d'aider mes collègues et ma hiérarchie en ce début d'été.
Au même poste ?
Au moment de l'accident, j'effectuais mes dernières heures sur la voie publique. J'avais réussi l'examen d'officier de police judiciaire et je devais être affecté à un nouveau poste. C'est aujourd'hui chose faite. Je travaille au service du quart, toujours la nuit.
Quelles séquelles physiques gardez-vous ?
Je remarche presque sans boiter, mais je ne pourrai plus jamais courir. J'ai des vis et des plaques dans le pied gauche. Je dois me faire réopérer en décembre.
Et psychologiquement ?
Je vois un spécialiste pour gérer la douleur, l'anxiété, l'angoisse et mes problèmes de sommeil. Il ne se passe pas une journée sans que je pense à l'accident. Les souvenirs de cette soirée reviennent petit à petit. Le fait d'avoir été éjecté de la voiture m'a sauvé la vie. Ma hiérarchie et mes collègues ont été très présents, ils m'ont aidé de manière très positive.
Comment vous reconstruisez-vous ?
J'ai recentré mes priorités. On ne mérite pas de mourir pour son travail. Mais il y a des dates qui vous bouffent la vie, comme le 22 de chaque mois. Je suis allé déposer une fleur en sa mémoire sur le lieu de l'accident.
http://www.nicematin.com/cannes/policier-rescape-de-cannes-pas-un-jour-sans-penser-a-cet-accident.1453782.html
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