dimanche 1 septembre 2013

"Les gens du voyage ne peuvent pas adopter"

L’avocat avignonnais Patrick Gontard défend le jeune couple qui a “acheté” le petit Tony, fin juillet à Marseille.
Les clients de Patrick Gontard, avocat au barreau avignonnais, ont été mis en examen vendredi par un juge d’instruction marseillais pour complicité de traite d’être humain après avoir échangé en juillet, à l’hôpital nord de Marseille, un nouveau-né, le petit Tony, contre 8 000 € et une BMW. Lui plaide pour un couple de gens du voyage, sincèrement, en mal d’enfants.
Qui sont vos clients ?


Mike et Carmen G., âgés d’une vingtaine d’années, un couple marié de la communauté des gens du voyage, originaire d’Arles et qui vit entre plusieurs campements de la région de Marseille. Je les connais bien, je défends leur famille depuis une trentaine d’années.
Que leur reproche la justice exactement ?
Ils ont été approchés dans le cadre d’un rassemblement évangéliste à Marseille courant juin. Le couple n’a pas pu avoir d’enfant. Mais dans la communauté gitane, si on n’a pas d’enfant, on est regardé de travers. On leur a proposé de récupérer un enfant rom à la naissance contre 10 000 €. La famille s’est cotisée, ils se sont mis d’accord avec un homme qui serait le père biologique.
Ils sont allés tous les quatre à la maternité de Marseille (avec la mère biologique de nationalité roumaine de l’enfant, NDLR), et mes clients ont assisté à l’accouchement comme s’il s’agissait d’une mère porteuse. Trois jours après, Mike s’est déclaré comme le père à l’état civil. Comme Carmen et Mike n’avaient pas assez d’argent, ils ont donné 8 000 € et une BMW en plus. La mère biologique est dans la nature avec la voiture.
Pendant un mois et demi, Carmen s’est comportée comme la mère de Tony qui a été très bien traité.
Comment en sont-ils arrivés à “acheter” un bébé ?
Parce que les gitans qui vivent en caravane ne peuvent pas recourir à l’adoption. Il n’y a que 10 000 adoptions par an en France. Et c’est un parcours du combattant de trois ou quatre ans, avec des conditions de revenu, un certificat psychiatrique, etc. Et de toute façon, les services sociaux ne permettent pas à des gens qui vivent en caravane d’adopter un enfant.
Mes clients reconnaissent l’échange, mais sans arrière-pensée. Ils disent : “On l’a fait parce qu’on voulait juste un enfant”, l’élever à la manière gitane et le rendre heureux.
Cet échange aurait eu lieu par un intermédiaire, contre le gré de la mère biologique de Tony...
Mes clients contestent quelque pression que ce soit. Ils n’ont forcé personne. On n’a pas encore la déposition de la mère qui est actuellement recherchée par les autorités. Ils étaient en mal d’enfant et sont tombés dans les travers de nombreux couples européens qui partent en Ukraine ou au Vietnam pour adopter un enfant contre 25 000 €.
Mais là, les autorités françaises sont d’accord. Mes clients n’ont pas le sentiment d’avoir fait quelque chose de grave. Ce sont des braves gens qui sont aujourd’hui malheureux parce que leur enfant a été placé dans un foyer.

http://www.midilibre.fr/2013/08/31/les-gens-du-voyage-ne-peuvent-pas-adopter,751355.php

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