vendredi 6 septembre 2013

Le comptable joue 480 000 € au casino

«L’addiction au jeu est une maladie. On ne se rend plus compte de ce qu’on fait. J’étais malade, je n’avais plus aucune notion de bien ou de mal. » À la barre du tribunal correctionnel de Metz, Eric, 59 ans, reconnaît les faits. L’ancien comptable d’une petite entreprise messine de BTP a détourné, entre 2006 et 2011, environ 480 000 €. Il a tout dépensé au casino, dans des machines à sous. L’homme travaillait dans la société depuis 1992. Ses malversations auraient pu ne pas être découvertes. Mais en 2011, une descente « musclée » chez son amie l’envoie en détention provisoire pour… tentative d’homicide volontaire. Le comptable qui le remplace s’aperçoit alors de la supercherie.

Addiction et fausses factures

« Vous avez une polyculture du détournement », s’émerveille presque l’un des membres du tribunal correctionnel. Eric établit de faux chèques, utilise une société dont il avait la gérance, grâce à des fausses factures, s’offre des indemnités kilométriques auxquelles il n’avait pas droit et triche sur les charges patronales de ses congés payés.
Le Messin, désormais comptable au chômage se dit prêt à rembourser selon ses moyens, en vendant son appartement. Eric voudrait aussi consulter un psychologue pour soigner son addiction. Il ne peut plus jouer – mais parce qu’il n’a plus d’argent.
Dans la salle du tribunal, une vingtaine des trente salariés de la société écoute. « Leur présence est comme une mise à mort pour moi », souffle Eric. « Non, c’est la société qui les emploie que vous avez failli mettre à mort, corrige Me Chaya, leur représentant. Son chiffre d’affaires lui permet de dégager 76 000 € de résultat d’exploitation. C’est ce que vous avez détourné chaque année pendant sept ans, ce sont leurs primes. »
L’avocat observe qu’Eric ne s’est pas précipité pour rembourser et qu’il a l’air plutôt détendu à la barre. « Il va peut-être se réveiller et affronter ses problèmes », espère-t-il. Pour le parquet, l’emprisonnement serait inutile : « Il doit rester dans la collectivité pour tenter de réparer sa faute. » Le magistrat requiert un an de prison avec sursis et une mise à l’épreuve qui l’oblige à rembourser et se soigner. « Les salariés n’ont pas compris son addiction pathologique au jeu, regrette Me Anandappane, le défenseur d’Eric. Aujourd’hui, il perd tout. »
Le tribunal rendra sa décision le 19 septembre.

http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2013/09/06/le-comptable-joue-480-000-au-casino

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