Chez cet habitant de Saint-Antoine-de-Breuilh, le cannabis était partout. À l’extérieur, cultivé sous serre ou à l’air libre, comme à l’intérieur de la maison. Chaque pièce répondait à un besoin bien précis de la culture de la plante. De telle sorte qu’entre les lampes à sodium, les tuteurs et le séchoir artisanal, il n’y avait même plus de place pour le propriétaire, obligé de coucher… dans un mobile-home.
Des 124 pieds recensés au domicile du prévenu, jugé hier en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Bergerac, il ne reste plus rien : les gendarmes ont tout arraché avant de faire évacuer la montagne verte par un camion prêté par la municipalité. « Une belle prise », résumait hier le chef d’escadron Christophe Vanderplancke, avec la procureur de la République Frédérique Dubost.
Ce sont les gendarmes de Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) qui, sur les déclarations d’un « agent de renseignement », lui-même consommateur de cannabis, ont informé la communauté de brigades de Vélines des soupçons de trafic qui pesaient sur cet habitant de Saint-Antoine-de-Breuilh. Envoyés sur place en reconnaissance mardi matin, les militaires de Vélines ont vite compris que l’affaire était sérieuse. « Rien qu’à l’odeur, on a immédiatement su qu’il y avait bel et bien du cannabis en grande quantité à l’adresse indiquée », a précisé l’adjudant-chef Lefebvre, de la brigade de Vélines.
Placé en garde à vue, l’occupant de la maison, un boulanger de 31 ans employé dans la grande distribution, a reconnu sans difficulté « cultiver du cannabis pour sa consommation personnelle » - soit cinq à dix joints par jour - et pour un cercle de consommateurs « amis », dont la liste a été retrouvée à son domicile par les gendarmes.
Dépendant au cannabis, qu’il consomme depuis l’âge de 17 ans, le prévenu a expliqué, à la barre du tribunal, « acheter des graines en Espagne et cultiver du cannabis pour ne pas avoir à l’acheter à prix d’or à des trafiquants ». Avec le risque, souligné par le ministère public, d’en devenir un à son tour. « De plus en plus de consommateurs se mettent à faire pousser de la drogue chez eux, en vendent aux amis et découvrent qu’il y a un bénéfice à poursuivre cette activité, quitte à la laisser prendre progressivement de l’ampleur », a résumé le procureur.
Dans le cas du prévenu, les sommes gagnées étaient coquettes - environ 10 000 euros de bénéfices par an - mais pas mirobolantes.
« L’argent, dont une partie (NDLR : 1 800 euros) a été retrouvée sous forme de liquide chez lui, lui servait à financer le quotidien et quelques petits voyages, mais nous ne sommes pas face à un délinquant qui conduit en Lamborghini ou en Maserati », ajoute Frédérique Dubost.
Le prévenu, dont la mère a fait une crise de panique durant l’audience, obligeant les sapeurs-pompiers à intervenir dans la salle de tribunal, a promis de tout arrêter.
Malgré les réquisitions sensiblement plus fermes du parquet, le tribunal a décidé de lui donner « une seconde chance » en le condamnant à une peine de trois ans de prison dont 26 mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans.
http://www.sudouest.fr/2013/09/21/cannabis-a-domicile-1175269-1980.php
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