Une journée qui avait bien mal démarré. « Ce mardi-là, une dispute conjugale a éclaté, le matin, au sein du couple », relate Me Gabriel Denecker, le conseil du Wattrelosien de 50 ans. « Et c’est parce qu’on a eu ce différend que mon mari a bu de l’alcool, s’empresse d’ajouter sa compagne. Sinon , il n’en prend jamais. Il n’a pas touché à une goutte depuis trois ans. »
En fin de journée, les tensions ne sont pas retombées. Le Wattrelosien quitte son domicile, avant de se rendre plus tard au commissariat de Roubaix. « J’ai pris ma voiture pour aller déposer une main courante, indique l’intéressé. Au cas où ma femme se serait inquiétée de mon absence. » Vers 23 h, la main courante est enregistrée. Mais au moment de quitter les locaux de la police, « l’agent m’a demandé si j’avais bu et si j’étais venu en voiture. J’ai répondu que oui. J’ai même proposé qu’il garde mes clefs de voiture, affirme l’automobiliste, dont le taux d’alcool sera évalué à 0,56 g/l plusieurs heures plus tard. Il m’a répondu que je pouvais rentrer chez moi en faisant attention, car je n’habite qu’à quelques minutes de là. »
« J’ai entendu mon épaule claquer »
C’est lors de ce court trajet que les événements auraient ensuite dégénéré. Alors qu’il circulait non loin de la Grand’Rue, une patrouille de police l’arrête, pour un défaut de clignotant. Les trois fonctionnaires veulent ensuite contrôler son taux d’alcoolémie. Le ton monte. « J’ai refusé de souffler, reprend l’ancien métallurgiste, reconnu invalide depuis des problèmes de dos. Je leur ai expliqué que je ressortais du commissariat, et que la police venait de me laisser repartir. »Les fonctionnaires n’ont-ils usé que de la force légitime et nécessaire face à un individu alcoolisé qui refusait d’obtempérer ? « Ils m’ont sorti de force de ma voiture. Puis ils m’ont plaqué au sol. C’est là que j’ai entendu mon épaule claquer. J’ai perdu tous mes moyens, ils étaient à trois sur moi. » L’automobiliste est ensuite ramené au poste, puis en cellule de dégrisement. « Mais avant cela, il fallait que j’enlève mes chaussures. Comme j’avais les mains menottées, je n’y arrivais pas. J’ai alors reçu un coup de pied dans le thorax. Sans raison », accuse le conducteur. Selon nos sources, la version des policiers serait très différente. Mais une enquête étant en cours, le commissariat de Roubaix se refuse à tout commentaire. Quoi qu’il en soit, Didier Nollet est examiné par un médecin dans la nuit. Et celui-ci demande son hospitalisation. Il restera une semaine à l’hôpital. Fracturée, son épaule droite nécessitera une intervention chirurgicale. « Mon avant-bras droit a aussi été cassé, ainsi que deux doigts. » Au total, seize plaies ou hématomes seront relevées par un légiste, qui a fixé l’ITT (incapacité totale de travail) à deux mois.
Pour l’avocat de l’automobiliste, « même s’il a fait preuve de rébellion, même s’il a pu s’opposer verbalement aux policiers, cela ne justifie pas ces hématomes et une épaule cassée, estime Me Denecker. Même alcoolisé, mon client ne pouvait pas représenter une menace face à trois agents . » Une plainte contre X a été déposée mardi auprès du procureur de Lille. Le bureau des affaires judiciaires, de discipline et de contrôle (BAJDC) de Lille a été saisi de l’enquête. « On ouvre toujours une enquête lorsqu’on a une telle plainte déposée pour violence de la part d’agents de la force publique, indique le procureur-adjoint, Pascal Marconville. Là, nous sommes en train de vérifier le contexte qui a amené M. Nollet jusqu’au commissariat. »
http://www.lavoixdunord.fr/region/un-wattrelosien-accuse-trois-policiers-roubaisiens-de-ia19b0n1502674
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