Le début des ennuis se situe à l’été 2012. Le bâtonnier de Metz est destinataire de plusieurs plaintes dans lesquelles des clients de l’avocat prétendent lui avoir versé des sommes d’argent importantes, sans recevoir en retour les conseils juridiques attendus. 26 000 € quand même… Nous avions révélé, à l’époque qu’une instruction embarrassante était en cours au conseil de l’ordre. L’audition des victimes démarrait. Celle de l’avocat attaqué était espérée. Elle n’a jamais eu lieu. Prétextant des problèmes de santé, le mis en cause avait quitté Metz pour la région parisienne, ou la Mauritanie. Il livrait différentes versions aux rares interlocuteurs parvenant à le joindre au téléphone. « Ça a un peu plus épaissi le mystère autour de cet homme. Et ça n’a pas arrangé son cas », glisse un ancien confrère.
La justice ordinale n’est bientôt plus la seule à s’intéresser à son cas. La police judiciaire de Metz est saisie et commence à lister les victimes. Leur nombre explose, les sommes aussi. Avec cette impression, pour les enquêteurs, que le juriste n’est plus seulement embourbé dans des problèmes personnels. Derrière les récits des personnes dupées – beaucoup d’anciens étudiants en droit se sont « saignés » pour lui prêter des centaines, voire des milliers d’euros, sans revoir leur argent –, ils devinent un manipulateur qui a une forte emprise sur ses proies. Plusieurs fois convoqué dans les locaux de la PJ, il décline l’invitation. Il ne se rend pas davantage devant le conseil de discipline qui décide, en janvier dernier, « de le radier du barreau pour des fautes lourdes », admet le bâtonnier, Me Bernard Petit.
Il promet de rembourser
Les policiers décident de le pister. La cible se trouve à Paris, dans le XIXe arrondissement. C’est vaste, le XIXe … Et pendant ce temps-là, le nombre de victimes augmente encore. Le temps presse.Le 28 juin, le parquet de Metz ouvre une information judiciaire du chef d ’abus de confiance. Près d’une vingtaine de personnes auraient été trompées. « Le préjudice total est supérieur à 120 000 € », indique Thomas Bernard, le substitut du procureur chargé des dossiers économiques.
La PJ parvient finalement à le localiser. L’ancien avocat a été interpellé, vendredi matin, dans un hôtel. Devant le juge d’instruction hier, « il a reconnu sa culpabilité, ses erreurs , réagit son défenseur Me Dominique Rondu. S’il n’a pas répondu aux convocations de la police ou du barreau, c’est par honte. Il a choisi la politique de l’autruche face à ses problèmes. » Des problèmes de santé qui ont entraîné des problèmes financiers. Un cercle vicieux, selon son avocat.
Le parquet a requis son placement en détention ; l’auteur présumé a été laissé sous contrôle judiciaire. « Il a été en mesure de trouver un domicile à Metz, argumente Me Rondu. Et puis, il s’est engagé à rembourser, il a déjà commencé. Ça a pesé. Il va devoir maintenant trouver un travail parce que pour lui, le barreau, c’est fini. »
http://www.republicain-lorrain.fr/moselle/2013/07/21/un-ancien-avocat-dans-la-tourmente
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