Digne, elle ne vient pas réclamer vengeance. « Elle voudrait seulement que justice soit rendue, explique Me Sophie Lefrançois, son avocate. Il faut qu’elle soit entendue aujourd’hui, c’est la chose la plus importante pour elle ». La Tourquennoise, brûlée vive un soir de juillet 2010, était venue chercher des réponses de la part de son mari. Qu’il lui explique les raisons de cette immolation. Elle aura obtenu des excuses de celui qu’elle dit « aimer encore » mais qu’elle sait ne « jamais pardonner ». « Je voudrais lui dire mes plus profonds regrets et lui demander pardon », balbutie Olivier Gourdin. Quelques secondes plus tôt, son avocat, Me Nicolas Brazy, venait d’annoncer à la cour qu’il ne contestait plus l’intention homicide, « même si dans mon for intérieur, je suis persuadé que ce soir-là, il ne voulait pas la tuer ».
Un couple en déconfiture
« J’ai la sensation que ces deux jours de procès ont été utiles, souligne l’avocat. En plaidant l’accident, je ne veux pas détruire tout ce que cette audience a reconstruit. Je ne veux pas mettre à néant cette communication naissante entre les deux et qui n’existait plus depuis des années. Le procès aura finalement contribué à cela : pour la première fois depuis longtemps, ils se sont écoutés ».L’histoire de ces deux là, c’est l’histoire d’un couple en déconfiture. « Ils étaient à bout de souffle, dira l’avocat général. Leur relation se dégrade encore plus lorsque Olivier Gourdin tombe au chômage et lorsqu’il s’agit de gérer la maison des parents de la victimes, tombés malades. Les tensions ne sont plus latentes mais patentes ».
Des coups, des claques, des disputes, des menaces, des insultes « pour des pécadilles » puis le « paroxysme ».
« La victime a tout encaissé par devoir d’épouse et de mère. Elle a consumé sa vie jusqu’au bout », continue l’avocat général qui évoque « la symbolique du feu purificateur » : « Ce soir-là, l’accusé a la volonté d’avoir raison une fois pour toute. Il gifle sa femme qui chute au sol, s’empare du bidon d’essence et fait le choix de se séparer d’elle par le feu. Si elle a échappé à la mort, c’est parce qu’elle a pu étouffer les flammes avec les mains ». Il réclame 12 ans de réclusion.
Me Brazy évoque lui un concours de circonstances. « C’est un couple qui avait tout pour être heureux, qui voulait tout construire et qui se finit par un naufrage. Le soir du drame, mon client n’était plus celui qu’il était auparavant. Sa femme dit qu’elle avait le visage d’un monstre. Il n’était plus celui qui se contentait d’hurler sur sa femme et de la maltraiter. La cocotte-minute, sous pression depuis des mois, venait d’exploser. Et dans les minutes qui suivent, il prend la mesure de ce qu’il vient de faire en appelant les pompiers et en éteingnant les flammes avec un chiffon. A ce moment-là, il a un comportement de bon père de famille ».
Verdict : 8 ans de prison ferme et suivi socio-judiciaire durant trois ans. A l’issue de l’audience, le quadragénaire est retourné en détention.
http://www.lavoixdunord.fr/region/un-tourquennois-de-45-ans-condamne-a-huit-ans-de-prison-ia0b0n1370919
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