Fatima Ennajah, la compagne de Mickaël Baehrel (1) appelle le « 17 », un numéro qu’elle compose régulièrement, pour tout et n’importe quoi. Ce jour-là, elle parle de l’affaire Junca. Et, selon deux sources proches du dossier, accuse son compagnon d’être impliqué dans le meurtre de l’adolescent.
Ce que confirmait hier le parquet, sans préciser la date : « Elle téléphone à la police en disant que c’est son compagnon qui a tué Alexandre ».
Me Véronique Rolfo, l’avocate de Fatima Ennajah, nuance : « C’est la version du policier qui a reçu l’appel. Ma cliente conteste et dit qu’elle les a simplement incités à fouiller dans le milieu des SDF palois. »
Fatima Ennajah assure désormais qu’elle ne sait rien du meurtre du collégien. Hier, lors de son audition par la juge d’instruction, elle aurait expliqué ces conseils de l’époque par « des dons de divination ».
Jamais transmis à la PJ
Etonnament, cet appel au commissariat de Pau n’aurait pas été inscrit sur le registre de « Police secours » et, surtout, n’aurait pas été signalé à la police judiciaire chargée de l’enquête sur la mort d’Alexandre. À l’époque, pourtant, les enquêteurs vérifiaient tout, même ce qui pouvait paraître farfelu.
La PJ n’aurait découvert son existence qu’il y a quelques mois, lorsque la piste Baehrel et ses complices présumés est apparue, en examinant les fadettes (2) des suspects. Pourquoi cet élément ne leur a-t-il pas été communiqué plus tôt ? Les agents qui étaient de permanence à « Police secours » ce jour-là ont été auditionnés, récemment, pour s’en expliquer. « Il semblerait qu’ils ne l’aient pas prise au sérieux. Sans doute parce qu’elle appelait tous les quatre matins le ‘‘17’’ et était souvent délirante », confie un proche de l’affaire. Reste que ce coup de téléphone du 26 juin a été longuement évoqué hier pendant l’audition de Fatima Ennajah par la juge d’instruction Lucile Pichenot. « On lui a expliqué que son compagnon avait dit ‘‘Si l’autre n’avait pas appelé, on n’en serait pas là’’», indique son avocate.
Le couple-clé fissuré ?
Mickaël Baehrel aurait lancé cette phrase lors de son audition devant la juge d’instruction jeudi après-midi. Des mots qui auraient ébranlé Fatima Ennajah. La mère de famille entretient encore aujourd’hui
Jusqu’à hier, les deux formaient encore un couple soudé. « Maintenant, elle commence à se poser des questions, convient Me Rolfo. Cela fait plusieurs fois qu’on lui dit que c’est chacun pour soi. » Fatima Ennajah se serait par ailleurs fait confirmer hier la relation homosexuelle de Baehrel avec Claude Ducos.
Le retraité de Cabidos est lui aussi mis en examen pour « assassinat de mineur de 15 ans précédé ou accompagné d’actes de tortures et de barabarie » et « enlèvement de mineur en bande organisée », tout comme Mike Bonnet, un marginal de 25 ans qui a été entendu hier matin avant Fatima Ennajah. « L’audition a duré 2 h 30, il est resté sur sa position », a confié son avocat maître Phillipe Dana.
Fatima Ennajah, elle, a répété qu’elle était innocente. C’est dans cet esprit qu’elle formulera la semaine prochaine une demande de remise en liberté auprès de la chambre de l’instruction.
(1) Le principal suspect du meurtre de l’adolescent depuis sa mise en examen le 6 avril). (2) Facturation détaillée de la téléphonie.
http://www.sudouest.fr/2013/06/29/l-intrigant-appel-du-26-juin-1100744-4071.php
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