"J'étais heureux, c'est sûr, maintenant ce n'est plus pareil", lâche-t-il dans un sanglot. Le jeune homme fait face son oncle, Abdelatif Bouziane, qui l'avait aspergé d'essence et brûlé vif en 2007. Sept à neuf ans de prison avait été requis. Il a finalement été condamné à 6 ans par la cour d'assises de Seine-et-Marne mercredi pour "actes de torture et de barbarie", ayant entraîné l'infirmité permanente de son neveu, alors âgé de 16 ans et gravement brûlé sur la moitié du corps. Abdelatif Bouziane encourait 30 ans de prison.
En 2007, celui qui voulait lui faire avouer un cambriolage chez sa tante avait frappé Anouar, avant de l'enfermer dans son coffre de voiture et de le conduire de force au pavillon familial, dans la cité sensible de la Pierre-Collinet à Meaux. Là, il avait attaché le jeune homme de 16 ans à l'aide du câble électrique d'un aspirateur à un pin au milieu du jardin, avant de l'asperger d'essence et, à quatre reprises, de le menacer avec des allumettes enflammées.
"Je voulais qu'il cesse ses conneries"
"J'étais en panique, je l'ai supplié" de ne pas mettre le feu, relate le jeune homme, qui explique qu'il ne s'est pas débattu car il avait "confiance" en celui qu'il considérait comme son père. "T'es mort", lui aurait alors dit son oncle, alors âgé de 22 ans, et qui dit aujourd'hui avoir simplement voulu "lui faire peur".
Accident ou non, la dernière allumette a embrasé les vapeurs d'essence, enflammant l'adolescent. Son oncle s'est précipité pour tenter d'étouffer le feu et de lui protéger le visage, se brûlant les mains. Mais son corps restera blessé à vie, seuls ses pieds, ses mains, son visage et son dos ayant échappé aux flammes. La peau de son dos a été prélevée à de nombreuses reprises par les chirurgiens pour la greffer sur le reste de son corps.
"Je voulais (qu'il) cesse ses conneries", a expliqué de son côté Abdelatif à l'audience, racontant comment il tentait depuis plusieurs années de remettre le jeune homme, qui avait eu quelques démêlés avec la police, dans le droit chemin.
Omerta familiale pour protéger l'oncle
La famille, anciennement "très soudée", s'est présentée "déchirée" lors de ce procès, a souligné l'avocat général Ariane Mallier. A l'exception des parents de la victime, ses membres ont fait corps autour d'Abdelatif, qui reconnaît les faits et dit les regretter, après avoir dans un premier temps demandé à son neveu de le couvrir en inventant un accident de barbecue.
Sa mère raconte qu'on lui a offert de l'argent et qu'on a fait pression pour qu'elle se taise, et qu'un imam a rendu visite à ce foyer pieux pour tenter de la faire plier. Une policière a évoqué une atmosphère "d'omerta" familiale pour protéger Abdelatif. La bienveillance de ce dernier est contestée par la mère du garçon : elle a décrit un oncle l'éloignant de l'école, lui faisant faire des extras dans sa pizzeria et l'initiant à la conduite sans permis.
De son côté, Abdelatif, désormais père de quatre enfants, s'est présenté aux experts psychologues comme "l'homme de la famille qui (soutenait) un peu tout le monde". Il a demandé "pardon" et a expliqué avoir menti dans un premier temps aux enquêteurs parce qu'il avait "honte". Il "a été dépassé par les événements", a plaidé l'un de ses avocats, Me Matthieu Conquy, selon qui Abdelatif ne s'est rendu coupable que de violences volontaires, un délit, et non du crime de "torture".
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