Mardi matin, il est 6 h lorsque des officiers de la police judiciaire de Paris interviennent pour perquisitionner au domicile spinalien du docteur Mohamed Lahmar. Ils n’en ressortiront que six heures plus tard. Le médecin anesthésiste de l’hôpital Emile-Durkheim d’Épinal est interpellé et placé en garde à vue. Plusieurs pièces ont été saisies à l’intérieur de l’appartement : ordinateurs et téléphones portables, entre autres.
En avril 2012, le ministère des Finances gèle partiellement les avoirs du docteur Lahmar. L’homme a l’impression de « vivre sous tutelle » avec seulement 475 € par mois. Selon Bercy, le médecin est soupçonné d’être lié au leader du groupe salafiste « Forsane Alizza », groupuscule dissous depuis février 2012. Il aurait même été un soutien financier. Nous l’avions rencontré à plusieurs reprises (nos éditions des 8 août, 21 octobre et 2 novembre 2012). Il reconnaissait avoir fait la connaissance du leader, Mohamed Achamlane, sur internet, le responsable d’un site que le docteur considérait comme un média alternatif. « Je me suis exprimé sur le blog en disant que j’étais contre le port du voile. Je suis le premier à ne pas appliquer le Coran. » Le chef de file, le Spinalien le rencontrera à Nantes puis à Lyon. « C’était dans le cadre de la location de ma maison de Lyon, précisait-il. C’est un homme qui m’a semblé bien sous tous rapports. »
Le médecin spinalien avouait avoir peur. « Cette histoire est sortie en même temps que celle de Mohamed Merah. Dans cette affaire on m’a diabolisé. » Ses collègues lui ont apporté un soutien moral et pour certains financier. Fin octobre 2012, les comptes de Mohamed Lahmar étaient débloqués.
Il y a un an le docteur Lahmar avait été entendu par les agents de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) pour ses relations avec Mohamed Achamlane. Ses explications, d’une durée de quatre heures, ont sans doute été suffisantes puisqu’il n’a pas été mis en examen.
Mohamed Lahmar est-il interrogé au sujet de la même affaire ? Est-ce une procédure de terrorisme ? Me Philippe Missamou, son avocat parisien, l’ignore. « Je ne sais pas encore ce qu’on reproche à mon client. Il a toujours contesté les faits. C’est quand même étonnant douze mois après qu’il soit interpellé pour être interrogé au sujet de la même affaire. La garde à vue peut durer plusieurs jours. Il est très combatif. Il n’a rien à se reprocher. Il n’a pas participé à des actes de terrorisme. En tout cas, il est serein. »
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/04/11/un-medecin-d-epinal-en-garde-a-vue
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