Deux hommes âgés de 22 ans et 33 ans comparaissent à partir d'aujourd'hui devant la cour d'assises de Haute-Garonne. Ils sont accusés d'avoir torturé un homme de 45 ans notamment en le brûlant à l'acide dans la nuit du 8 au 9 septembre 2010.
De la nuit du 8 au 9 septembre 2010, Philippe*, 45 ans, a tout oublié. Il a pourtant été torturé et aspergé d'acide dans son appartement de la place Saint-Georges à Toulouse, pour ses codes de carte bleue. Ce matin, pour la première fois, il devra faire face à ses tortionnaires présumés, Georges Lobe, 33 ans, et Stéphane Boudelier, 22 ans, à l'occasion de l'ouverture de leur procès devant la cour d'assises de la Haute-Garonne.
Visage soigné, allure sportive, Philippe évoque sans détours les actes de barbarie dont il a été victime et l'amnésie qu'il traîne depuis plus de deux ans.
Comment avez-vous vécu ce matin du 9 septembre 2010 ?
Ce fut un réveil très douloureux vers 9 h 30. J'étais dans mon lit en caleçon et en chaussettes. Tout était dévasté dans la chambre. Tout de suite, je me suis levé et je suis allé vers le salon. J'ai vu une mare de sang de 3 m2. Puis j'ai levé la tête vers les deux grands miroirs… Je me suis vu comme dans un film d'horreur, comme si on avait versé un seau de sang sur moi. Mon nez était couché sur ma joue gauche.
Que vous dites-vous alors ?
Je me suis demandé si j'avais été violé. Plus tard, la police m'a fait faire des tests. Non, je n'ai pas été violé. Tout de suite j'ai essayé de réfléchir. Je suis quelqu'un de gentil qui ne s'est jamais battu. Je n'ai jamais eu affaire à la police, je n'ai pas emprunté d'argent que je n'ai pas rendu, je n'ai jamais pris la femme d'un copain. J'ai cherché, cherché…
Comment gérez-vous votre état physique à ce moment-là ?
Mon œil me brûlait comme s'il y avait une aiguille dedans. J'étais dans un état de confusion totale. Je me suis remis le nez. Puis j'ai pris des serviettes, des torchons, de l'essuie-tout pour me nettoyer. Là j'ai découvert que mon crâne était lacéré, j'avais des hématomes partout. Je suis un peu retombé dans les pommes et me suis remis au lit jusqu'à 15 h 30.
Un ami appelle les secours, vous êtes conduit à l'hôpital. Qu'apprenez-vous par la suite ?
On m'avait versé une bouteille d'acide sur la tête. Ma cornée et mes tympans étaient perforés. Un coup de lame avait perforé ma plèvre. J'ai reçu des coups de marteau.
Depuis, vous souffrez d'amnésie ?
Oui, j'essaie de me souvenir de ce qui s'est passé mais je ne peux pas. Je m'en veux de ne pas le savoir. Après l'agression, j'ai croisé l'un des deux, place Saint-Georges. Je ne l'ai pas reconnu. Il a été identifié grâce à l'ADN laissé sur la pizza qu'il a mangée alors que j'étais inconscient.
Comment abordez-vous ce procès ?
Sur les conseils du psychiatre, je n'avais pas pu accepter la confrontation. J'ai peur que tout remonte de façon violente. Les médecins m'ont prévenu que, psychologiquement, le pire est peut-être à venir. Mais j'attends avant tout que justice soit faite.
*Le prénom a été modifié
http://www.ladepeche.fr/article/2013/04/02/1596595-torture-acide-codes-carte-bleue-comme-film-horreur.html
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