C'est un procès inédit qui démarre ce matin, devant le tribunal de Brest. En 2004, un Morlaisien, confondu avec un homonyme, a été transfusé avec un mauvais groupe sanguin. Il en est mort. Dix prévenus, dont le centre hospitalier, sont à la barre.
Ils répondent tous d'homicide involontaire. Neuf salariés ou anciens salariés du centre hospitalier des pays de Morlaix, ainsi que le directeur actuel (il ne l'était pas à l'époque des faits) de l'établissement, Richard Bréban (en tant que personne morale) sont assis, jusqu'à jeudi soir, sur le banc des prévenus au tribunal de grande instance de Brest.
"Il y a eu erreur"
Le tribunal examinera des faits anciens, qui ont nécessité une instruction, aux dires de tous, "très longue". Le 28 juin 2004, Émile Le Jeune, un Morlaisien âgé de 67 ans, décédait à l'hôpital de Morlaix, après avoir été admis au service des urgences, vingt-quatre heures plus tôt. Les raisons de son décès ne font aucun mystère. "L'hôpital m'a appelé le jour même pour me dire qu'il y avait eu une erreur. Que mon mari n'était pas mort d'anémie mais à la suite de l'administration d'un mauvais groupe sanguin lors d'une transfusion sanguine", témoignait, hier, son épouse, Éliane. Le dossier d'un homonyme trois ans plus jeune, hospitalisé dans l'établissement quelque temps plus tôt, aurait été confondu avec celui de la victime.
La famille "très choquée"
"Sauf que cet autre malade était du groupe A, et non B. Le choc hématologique était inévitable. Il s'agit d'une erreur grave et inacceptable !", assure d'emblée l'avocat brestois de la partie civile, Ronan Appéré. "Bien sûr, mon mari était malade. Il était en traitement depuis un an pour une récidive de cancer de la gorge. Un enfant ou une personne en bonne santé aurait été à sa place, cela aurait été la même chose ! Je suis très choquée", poursuit Éliane Le Jeune qui a porté plainte, avec ses enfants, en novembre 2004.
"Transparence" du côté de l'hôpital
Hormis le Centre hospitalier lui-même, un médecin de garde, un médecin anesthésiste, un interne, quatre infirmières et deux techniciennes de laboratoire comparaissent donc dès aujourd'hui. Mais à qui la faute ? S'il y a eu, d'après la partie civile, "des manquements en cascade" dans cette affaire, le tribunal aura fort à faire pour démêler l'écheveau des responsabilités. "Le centre hospitalier s'est toujours montré transparent. Il n'y a eu aucun défaut caractérisé dans l'organisation de son service", assure déjà Me Maillard, pour la défense de l'établissement.
La relaxe sera plaidée
Avocate d'une des salariés, la Morlaisienne Gaële Pensec assure, quant à elle, qu'elle plaidera la relaxe, les faits reprochés "ne cadrant pas avec la définition d'une responsabilité pénale". Comme les huit autres professionnels de santé, sa cliente encourt une peine maximale de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 € d'amende. À Morlaix, Éliane Le Jeune retient son souffle. Salariée de la blanchisserie hospitalière morlaisienne pendant plus de trente ans, elle dit aujourd'hui "avoir peur d'aller un jour à l'hôpital".
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