Vendredi, le tribunal avait à juger une femme de 45 ans, mère de trois enfants, accusée d’avoir administré des substances nuisibles à sa petite fille âgée de 6 ans. Cette Villeneuvoise aurait donné un antidépresseur et un anxiolytique, prescrits sur ordonnance, à son enfant atteinte d’épilepsie et de troubles cardiaques. Des médicaments contre-indiqués dans son cas.
La mère invente des maladies à sa filleLes faits sont signalés aux services sociaux en juillet 2008. La fillette, prise de malaise, est admise en urgence au CHU de Montpellier qui découvre les traces de toxiques dans les analyses. Déjà, à l’hôpital de Béziers, les médecins avaient signalé un comportement étrange de la mère. Elle racontait "avec facilité et une grande complaisance à qui voulait bien l’écouter" que sa fille avait peut-être une maladie orpheline qui expliquait son état. Le chef de service va jusqu’à évoquer un syndrome de Munchhausen par procuration. Une pathologie qui pousse la personne à provoquer des maladies pour attirer l’attention. Une version appuyée par les enseignants qui disent que la mère "inventait des maladies à sa fille tous les matins".
L'enfant placée loin du domicile familial
L’enfant est immédiatement placée, la mère interrogée. Elle nie catégoriquement. L’antidépresseur, il n’y a qu’elle qui en prend. L’anxiolytique, il n’y en a jamais eu à la maison. Éloignée du domicile familial, la fille grandit et grossit "significativement" selon le médecin expert. Ses crises d’épilepsie disparaissent même. Près d’un an après, de retour d’un week-end chez sa mère, la famille d’accueil découvre un cachet d’antidépresseur dans la valise de la petite. La mère est à nouveau interrogée par la police. Suivant les auditions, la femme va expliquer que cela pourrait être sa belle-mère, puis la petite fille, qui ont mis le cachet dans le sac. Mais pour l’anxiolytique, sa version change. Ce serait le médecin de famille qui l’aurait prescrit avant les malaises. Ce que ce dernier réfute. D’ailleurs, il n’y a aucune ordonnance.
La mère nie les faits
C’est toujours cette version qu’elle défend à la barre. Et pourquoi n’a-t-elle pas parlé avant ? "Je n’y ai pas pensé, j’ai paniqué, dit-elle. J’avais peur qu’on dise que j’étais une mauvaise mère." Mais les faits l’accablent. L’avocat de l’enfant l’implore de les reconnaître, "non pas pour la faire tomber, mais pour protéger la petite fille", sans la convaincre. Le procureur, Patrick Mathé, debout, évoque les conséquences funestes de ces gestes. "Je veux protéger l’enfant contre sa mère", tranche-t-il. Il requiert deux ans de prison avec sursis, trois de mise à l’épreuve et un suivi psychologique.
Deux ans de prison avec sursis
Pour la défense, l’avocate va plaider l’absence de preuve pour l’antidépresseur, et le caractère non intentionnel de faire mal à son enfant pour l’anxiolytique. "Comment imaginer qu’elle savait que ce médicament était contre-indiqué ? Elle faisait confiance à son médecin, assène-t-elle. Et pourquoi voudrait-elle faire mal à cet enfant désiré, aimé, obtenu par fécondation in-vitro ?"
Le tribunal ne faillira pas devant les larmes de cette mère, il suit à la lettre les réquisitions du parquet.
http://www.midilibre.fr/2013/03/22/elle-donnait-des-antidepresseurs-a-sa-fille,664634.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire