jeudi 21 février 2013

Saintes : privé de la garde son fils, il témoigne

D’entrée de jeu Fabrice Chabbat se dédouane de toutes corrélations avec le geste de Serge Charnay monté en haut d’une grue à Nantes pour faire entendre ses droits de père. Samedi soir, lorsque le désespoir l’a poussé à monter sur le toit de son immeuble, il n’était même pas au courant de cette affaire.
Depuis, des amis lui en ont parlé et l’ont sensibilisé à témoigner de sa propre situation. Ce moment de folie sur le toit, il le doit à une situation qu’il dit subir depuis quatre ans. Sa concubine, avec qui il a vécu pendant quatorze ans et avec qui il a donné naissance à un fils en 2003, le quitte en 2009.

Une décision brutale
« Je me suis retrouvé à la rue, à dormir dans ma voiture. J’ai pu loger à l’hôtel et chez des amis, un temps, puis j’ai trouvé un logement, ici, rue Pasteur. »
L’homme souffre de deux maladies orphelines. Il est retraité du ministère de la Défense. « Je suis déclaré handicapé à 80 %. » En quatre ans, le ciel lui tombe dessus. La maladie empire, les frais d’avocats s’allongent. L’entente avec son ex-compagne n’est pas au beau fixe. Mais, jusqu’en janvier, Fabrice pouvait voir son fils un week-end tous les quinze jours.
« Au mois de décembre, la maman de mon fils a fait une demande au tribunal pour me retirer la garde de mon enfant en prétextant mon instabilité. Mais mon fils n’a jamais été maltraité », raconte Fabrice.
Le 12 décembre, devant le juge, ce père de famille a pensé que son fils ne pouvait pas lui être retiré. Le couperet tombe quelques semaines plus tard. « J’allais chercher mon fils à son école le vendredi soir où j’en avais la garde mais il n’était pas là. » À la place, la maîtresse lui a remis un document juridique. On lui retirait le droit de voir librement son fils. En cause, des soucis d’alcool avec deux incidents répertoriés.
« Je ne connais pas les gens qui ont témoigné et ce sont deux faits que j’avais mentionnés à mon ex-compagne. D’ailleurs, l’un d’eux concernait ma maladie, et non une prise d’alcool », se justifie-t-il. La décision juridique stipule que Fabrice se voit suspendre son droit de visite et d’hébergement pour le remplacer par un simple droit de visite, en lieu neutre, pendant une durée de huit mois afin de « permettre au père de l’enfant d’aller consulter un spécialiste pour démontrer qu’il a réglé son problème d’addiction ».
« Je vais le faire, confie Fabrice, même si je n’ai pas de problèmes d’alcoolisme. Je me suis toujours battu pour mon fils, mais je ne sais pas ce qui m’attend en septembre, j’ai peur. » Les yeux dans le vague, la quadragénaire se dit perdu depuis que son fils n’est plus là.
Contact avec SOS papa
La dernière mauvaise nouvelle a sûrement été celle de trop. Le 20 mars, Fabrice sera expulsé de son logement. Il ne peut plus payer le loyer. D’où son geste, samedi soir. « Je suis rentré chez moi, et là, sans me déshabiller, je suis monté sur le toit. C’était le black-out dans ma tête. Ce n’est que lorsqu’un des jeunes en bas dans la rue m’a dit de ne pas le faire que je me suis rendu compte de ce qui se passait. »
Fabrice va être suivi par un psychiatre. « Je ne pense pas recommencer », affirme-t-il. L’homme a juste eu envie de baisser les bras, une fois.
« Là, j’aimerais que quelqu’un prenne mon cas en considération. » Aujourd’hui, Fabrice devrait recevoir un coup de fil du président de SOS papa. Il espère pouvoir, lui aussi, exposer son problème à la ministre Christiane Taubira.

http://www.sudouest.fr/2013/02/20/je-suis-perdu-sans-lui-972078-1318.php

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