Deux délinquants multirécidivistes ont été condamnés hier à 18 mois de prison pour avoir séquestré une connaissance dans le coffre de leur voiture.
À la barre du tribunal correctionnel de Soissons, les deux jeunes étaient presque penauds. La tête basse, ils écoutaient le président du tribunal relater les faits qui les ont amenés là. Samedi dernier, vers 14 h 30, ils ont obligé une connaissance à monter dans le coffre de leur voiture, en centre-ville de Soissons. C'est un témoin qui a alerté les secours.
Quelques minutes plus tard, une équipe de policiers, en patrouille à Chevreux, a repéré le véhicule signalé dans une impasse donnant rue Jean-Davesne. Ils ont remarqué trois hommes, dont l'un, « au bord des larmes », qui tremblait.
La victime, un habitant du quartier, avait acheté un téléphone portable à l'un des prévenus. « Il ne m'a pas payé, a expliqué ce dernier tribunal. Je voulais juste lui faire peur pour qu'il me donne l'argent. » « On ne voulait pas lui faire de mal, a renchéri le second. On a un lourd passé, on ne veut pas en rajouter. »
Les deux compères, âgés de 25 ans, ont en effet une douzaine de condamnations chacun, pour des faits allant des violences à la détention de stups. Ils ont déjà fait plusieurs séjours en prison. Sage Ebikili est sans domicile fixe, ses parents ne veulent plus l'héberger, il ne travaille pas. Mohssin Karmoud est sorti en décembre de la prison de Laon pour violences sur un ascendant. Il a désormais le projet d'intégrer la Légion étrangère. « Je suis plus calme, je me lève tôt pour faire du sport. Vous n'entendrez plus parler de moi », a-t-il promis.
« Du pipeau ! »
La victime n'était pas présente à l'audience. Elle a longuement hésité à porter plainte. Avant de faire marche arrière le lendemain, « de peur des représailles », a expliqué le président du tribunal. Tous les trois habitent le même quartier. « Vous savez combien vous encourez pour ces faits ? » L'un des prévenus bredouille : « Cinq ans… »
« Je suis très admiratif, a lancé le vice-procureur Eric de Valroger. Car ils ont réussi un rôle de composition formidable. […] Ce qu'ils vous ont raconté, c'est du pipeau ! » Selon lui, les prévenus sont « de vrais caïds qui imposent leur loi dans le quartier. Les faits sont particulièrement odieux. Enfermé dans un coffre, on peut tout imaginer, qu'on va se faire torturer ». Le parquet a demandé aux juges la plus grande sévérité : deux ans et six mois ferme avec mandat de dépôt.
« On a des gens qui reconnaissent les faits, la tête basse, et on en fait un reproche ! », s'est indigné Me Arnaud Miel, chargé de la défense. « Ils font régner la terreur ? Rien dans ce dossier ne permet de le dire. Ils se sont comportés comme des idiots. Il vend le téléphone que sa petite amie lui a offert pour payer l'hôtel et de quoi manger. Il n'est pas payé. Alors il trouve une solution imbécile. Mais ils ne l'ont pas tabassé. Ils l'ont ramené à son domicile. »
Alors que le tribunal avait quitté la salle pour délibérer, les deux prévenus ont été pris de fous rires. Tels deux enfants insouciants, ayant commis une petite bêtise ensemble, dans l'attente d'une punition.
Ils ont tous les deux été condamnés à 18 mois de prison ferme avec mandat de dépôt et sont partis immédiatement pour la maison d'arrêt de Laon.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/enferme-dans-un-coffre-a-cause-dune-dette
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