mercredi 13 février 2013

Bordeaux : elles avaient tiré sur une mauvaise cible

Bordeaux n'était qu'une halte sur la route des vacances. Mais le 10 août 2010, le rêve de son fils qui voulait absolument tester le skate parc des Chartrons « s'est transformé en cauchemar ». Triturant son alliance, voix et corps tremblants à la barre, une mère de famille de Charente-Maritime raconte comment sa vie a basculé le jour où son fourgon garé devant l'aire de jeu a été pris pour cible par erreur. Depuis le siège passager, elle regardait les prouesses de son fils au milieu des skateurs.
« Il y a eu une détonation, nous avons pensé à des pétards, c'était l'été. Puis, la fenêtre côté conducteur a explosé, on a cru qu'on avait lancé un pavé. Mon mari s'est tourné vers moi, il avait la tête en sang et me demandait ce qui se passait ». Elle se souvient avoir pris une serviette, fait un point de compression, appelé au secours. Son mari venait d'être atteint par un coup de feu. Devant leur fils de neuf ans.

« Je voulais juste faire peur »
Tout était parti d'une banale querelle de couple chez deux adolescents. Une fille qui croit voir le fourgon bleu de son ex-petit ami et qui, par peur, appelle sa mère à la rescousse. Cette dernière arrive en voiture, armée, et tire sur ordre de sa fille. À deux reprises. Sur le banc des parties civiles, les victimes mesurent une fois de plus à quel point le scénario des faits a été construit sur une méprise.
« Je voulais juste faire peur, et p uis ramener ma fille à la maison », assure Antoinette Ojeda, qui comparaît pour tentative de meurtre. Apprêtée, larmoyante, l'accusée affiche une moue contrite et surjoue l'incompréhension. Placée quelques mois en détention provisoire après les faits, elle comparaît libre devant ses juges. « Je n'avais pas vu qu'il y avait quelqu'un dans le camion », jure-t-elle. L'intention homicide est en effet au cœur du procès. Et elle n'est absolument pas établie selon l'avocat de la défense, Me Christophe Cariou-Martin. Sa cliente aurait juste fait feu en l'air avant qu'un coup de volant ne dévie le deuxième tir.
« Et manque de pot, ce n'était pas le bon fourgon », résume Jennifer Celse, la nièce jugée pour avoir jeté le fusil dans la Garonne et ainsi fait disparaître l'arme du crime. L'adolescente à l'origine des faits est quant à elle renvoyée devant le tribunal pour enfant pour complicité de tentative de meurtre.
« Une mère poule »
« Elle a une part de responsabilité, certes, mais c'est vous la mère », insiste le président Éric Veyssière en direction d'Antoinette Ojeda. Beaucoup se le demandent quand l'adolescente vient témoigner. Insolente, effrontée, impertinente. Elle sait que l'accusée est une mère poule, elle en a toujours profité. Elle l'admet sans complexe. Un peu plus tôt, son frère est venu décrire « une vie pas facile à cause de mon père souvent en prison ou entre deux femmes. Ma mère nous a toujours couvés. On la mène facilement par le bout du nez. Elle s'inquiète toujours pour nous. Ce jour-là, elle a senti ma sœur en danger, elle a pas réfléchi. »

http://www.sudouest.fr/2013/02/12/le-scenario-d-une-meprise-963806-2780.php

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