La personnalité troublante de John Flament, jugé depuis hier devant les assises de Haute-Garonne, avec trois autres accusés, pour le meurtre sauvage d'un Toulousain de 36 ans, en février 2009, à Toulouse, constitue une véritable énigme.
Capable du pire mais aussi du meilleur. Mi-ange, mi-démon, John Flament, 24 ans, reste une énigme. Jugé devant les assises de Haute-Garonne, avec trois de ses acolytes, pour le meurtre sauvage d'un père de famille de 36 ans, Mansour Benzekri, battu à mort et torturé avec un sécateur, pour une insulte, le 5 février 2009 dans un squat, boulevard Déodat-de-Séverac, à Toulouse, ce marginal intrigue. Capable de frapper contre un mur, jusqu'à la mort, la tête de son chien, Vanille, pour un malheureux excrément sur un tapis. Il est aussi capable de lui prodiguer un improbable bouche-à-bouche pour le ramener à la vie. Sarah, son ex-petite amie raconte : «Je suis restée avec lui deux ans, je l'aimais. Mais je n'avais pas les épaules assez larges pour continuer.»
Hier à la barre, la jeune fille décrit un homme violent mais aussi capable de grande tendresse. «Pour moi, sa violence était liée à son passé. Si je n'étais pas partie il n'aurait jamais tué.» Leur relation passionnelle a laissé des traces. Flament a fait trois tentatives de suicide après le départ de Sarah. Elle le regarde une dernière fois avant de quitter la salle d'audience : «Je suis avec toi…» Menton plongé dans les chaussures, Flament craque. La carapace se fissure. Un peu plus tôt, le responsable d'un foyer de l'enfance, près de Boulogne-sur-Mer, sa ville d'origine, reconnaît qu'il y a «du bon et du mauvais», chez son ancien pensionnaire, alors âgé de 15 ans. «Il a des capacités intellectuelles mais il représentait un danger pour les autres.» Explosif, capable d'entrer dans des colères noires, rebelle et orgueilleux, Flament n'a jamais supporté le refus de son père géniteur de reconnaître sa paternité. Au foyer de l'enfance, il oblige un gamin à avaler ses excréments. Il multiplie les fugues. «La justice a peut-être été trop clémente, c'est pour cela que mon casier est peu chargé», dit-il, dans son box, avec une parfaite maîtrise de ses mots, une incroyable lucidité sur ses actes qu'il assume pleinement.
Arrivé à Toulouse en 2006, il vivote entre le squat du boulevard Déodat-de-Séverac et la place du Salin, où il prend ses repas du soir distribués par la Croix-Rouge. Peu avant les faits, il fait venir Christophe Desprez, 24 ans et Gaëtan Grare, 22 ans, sur lequel il exerce son autorité. À Toulouse, le groupe fait connaissance de Fabrice Pothier, 26 ans, ex-agent de sécurité malgré son passé judiciaire. Un garçon en errance et à l'enfance brisée.
Tous à l'exception de Grare reconnaissent leur participation au lynchage de Mansour. Crâne rasé, pull à losanges collé au corps, Desprez a filmé le tabassage le soir du 5 février. «Il n'y avait aucun but derrière. Je me suis amusé avec le téléphone durant la soirée.» Ce jour-là, Mansour, père de famille au RMI, vide quelques bouteilles devant un supermarché. Flament sait qu'il a de l'argent et l'invite au squat pour finir la soirée. Contre l'avis de Pothier qui soupçonne «l'invité» de «draguouiller» sa copine. Aux ordres, Grare fait la cuisine. Mansour peste contre la présence du chien dans le squat. Il reproche à Flament de ne pas lui avoir ramené un reste de monnaie sur l'achat de bouteilles d'alcool. La tension est palpable. Mansour s'emporte et insulte le groupe, «je vous enc…». Flament explose, coups de bouteille. La meute lui emboîte le pas. Mansour est battu à mort. Sur les bancs des parties civiles, sa famille, digne et silencieuse, soutenue par leurs avocats, Mes Etelin-Chorier et Martin-Franck, soupire. Elle a du mal à comprendre qu'un homme supérieurement intelligent, en vienne à se saisir d'un sécateur pour sectionner une joue et arracher des dents.
http://www.ladepeche.fr/article/2013/01/22/1541910-torture-dans-un-squat-une-plongee-dans-les-racines-de-la-barbarie.html
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