mardi 22 janvier 2013

Bordeaux : jugé pour avoir laissé mourir sa compagne

Délaissement de personne incapable de se protéger, suivi de mort. Tel est le chef d'accusation pour lequel Alain Delamaire, 52 ans, est jugé depuis hier devant la cour d'assises de la Gironde.
Le 14 janvier 2011 à 18 h 03, il avait appelé les pompiers afin qu'ils viennent au secours de sa compagne, étendue sur le sol, près du lit, dans leur appartement de 24 m², rue Achard, dans le quartier de Bacalan. En arrivant, les pompiers ont découvert un univers d'abandon et d'insalubrité. Dans ce lieu devenu immonde, gisait une femme de 60 ans, allongée nue sur le sol, sans vie.

Deux jours plus tard son compagnon, Alain Delamaire, a été mis en examen et une information judiciaire a été ouverte.
Dans un premier temps, l'homme a affirmé qu'il s'était absenté plusieurs jours et qu'il avait trouvé sa compagne ainsi à son retour. Une première autopsie, confirmée par la suite, a fait apparaître que la femme souffrait d'une fracture de l'humérus gauche et d'escarres d'une grande profondeur dans le dos.
Au fil des auditions, les explications d'Alain Delamaire, qui bénéficie de la présomption d'innocence, ont évolué. Jusqu'à ce qu'il décrive enfin les conditions dans lesquelles ils vivaient.
L'alcool du matin au soir
L'alcool avait entièrement pris possession d'eux. L'homme comme la femme buvaient, du matin au soir. De la bière et de l'anisette pour lui, du whisky pour elle. L'essentiel de leurs maigres revenus y était consacré. Selon Alain Delamaire, cela durait depuis deux ans.
Lui et sa compagne se connaissaient depuis plus longtemps, ils vivaient ensemble depuis cinq ans. Tous deux avaient déjà un problème avec l'alcool. Mais il semble avoir atteint un paroxysme après le décès du père de la sexagénaire. Dès lors, le couple s'est retrouvé isolé dans son petit appartement.
La femme n'a jamais puisé d'argent dans sa part d'héritage consécutive au décès de son père et qui s'élève à plus de 100 000 euros. Il n'y a personne sur le banc de la partie civile pour faire vivre sa mémoire. Alain Delamaire est seul lui aussi. Aucun membre de sa famille n'est là. Il ne les voit plus depuis des années. Seule une de ses sœurs lui écrit régulièrement. Il n'a aucun contact depuis vingt ans avec son fils aujourd'hui âgé de 25 ans.
Défendu par Me Christa Poulet, il assure que la détention provisoire lui a permis de se sevrer de l'alcool et « qu'après ce qui est arrivé, plus jamais je ne toucherai un verre d'alcool ».
Pour le docteur Bertrand, qui a réalisé l'expertise psychiatrique, l'affirmation peut être crédible. Mais l'expert relève aussi « une personnalité aux prémices dyssociaux » et une faible aptitude à l'empathie. Pour lui, un suivi sociojudiciaire sera nécessaire. Verdict aujourd'hui.

http://www.sudouest.fr/2013/01/22/juge-pour-avoir-laisse-mourir-sa-compagne-942047-2780.php

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