Claude B… est sans doute l'un des « pensionnaires » les plus célèbres de l'hôpital psychiatrique de Cadillac. Âgé de 67 ans, ce révolté dans l'âme dont l'histoire a fait l'objet il y a quelques années d'un livre et de récits dans les journaux a déjà passé quatre décennies derrière les barreaux ou entre les murs d'établissements spécialisés. Dans les années 70, il avait été condamné à vingt ans de réclusion pour l'assassinat de l'amant d'une assistante sociale dont il était tombé amoureux. Marqué au fer rouge par sa détention, il a enchaîné ensuite les hospitalisations d'office et les placements sous contrainte.
Une heure par jour
Même si de temps à autre, des experts psychiatres, parfois réputés, ont conclu à sa possible réinsertion, il n'a jamais pu profiter bien longtemps de ses instants de liberté. Claquemuré à vie ou presque, il n'abdique pas pour autant toute volonté d'en découdre avec les juges et les soignants.
Devenu avec l'âge un redoutable procédurier, il lui arrive parfois de prendre l'autorité médicale en défaut. À l'image de l'une de ses requêtes déposée en 2010 qui vient d'être couronnée de succès devant le tribunal administratif de Bordeaux.
La juridiction a en effet annulé la décision verbale prise en 2009 à son encontre. Un psychiatre avait cantonné à une heure par jour la possibilité qui lui était offerte d'utiliser du papier et un stylo. Le praticien avait estimé qu'il était nécessaire d'encadrer ses pratiques pour qu'elles ne compromettent pas la bonne organisation des soins ainsi que sa sécurité et celles des autres malades. Le service disait ne pas disposer de moyens suffisants pour assurer une surveillance constante s'il restait libre d'écrire en permanence.
Pas de justification médicale
La mesure avait été prise le 10 novembre 2009 au moment où Claude B… avait été admis au sein de l'unité de soins intensifs de Cadillac. Elle avait été progressivement assouplie au fur et à mesure de l'amélioration de son état clinique. « Lorsqu'une personne atteinte de troubles mentaux est hospitalisée sans son consentement, les restrictions à l'exercice de ses libertés individuelles doivent être limitées à celles nécessitées par son état de santé et la mise en œuvre de son traitement », rappelle le tribunal administratif. Chaque patient dispose du droit de communiquer avec les autorités ou d'envoyer des courriers.
En limitant à une heure, l'activité épistolaire de Claude B… l'hôpital de Cadillac a manifestement commis un abus de pouvoir, l'établissement étant selon le tribunal incapable d'apporter le moindre élément médical de nature à justifier une telle restriction.
Cette condamnation de principe ne devrait malgré tout pas grever les finances de l'hôpital psychiatrique, les magistrats ayant refusé de mettre à la charge de l'établissement le versement des 500 euros que réclamait Claude B… D'ici à ce qu'il leur adresse une lettre pour se plaindre !
http://www.sudouest.fr/2012/11/19/le-fou-avait-le-droit-d-ecrire-882762-2796.php
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