Une affaire portant sur le vol de plusieurs milliers de bouteilles de champagne était jugée, hier, à Soissons. Au final, le tribunal a relaxé les prévenus sur une partie des faits.
POUR le ministère public, par la voix du vice-procureur Éric De Valroger, c'était assurément l'une des belles affaires que le tribunal correctionnel de Soissons avait à juger cette année.
Le parquetier l'a d'ailleurs appelé « le procès des celliers de champagne », avec 75 pages de réquisitoire écrit, 6 000 pièces de procédure au dossier et 38 infractions reprochées aux trois principaux prévenus, des gens du voyage sédentarisés à Coincy-l'Abbaye : Jonathan Bizon, Ringo Menu et David Tessier. Au total, ce sont les vols de 18 000 bouteilles de champagne et d'une quinzaine de véhicules, dont la moitié sera ensuite incendiée, qui étaient visés par la prévention.
Selon le vice-procureur, ces délits commis dans des celliers du sud de l'Aisne et de la Marne étaient le fait d'une organisation « très professionnelle », qui permettait de retenir également contre eux la qualification d'association de malfaiteurs.
L'enquête a mobilisé de nombreux gendarmes de la région, dont le groupement d'observation et de surveillance de la section de recherches de Metz, hélicoptère à l'appui.
Bavard puis tétanisé
Lors des investigations, c'est l'un des trois mis en cause, David Tessier, qui s'est mis à table et a fourni, avec un luxe de détails, des éléments sur les faits commis.
Hier, à la barre, bien que pressé de questions, il a pourtant, cette fois, affiché un mutisme complet, comme « tétanisé » par la peur, relèvera le président Marc Sauvage.
Ses deux coprévenus sont, eux, restés fidèles à la ligne de défense adoptée dès le début et ont continué de nier avoir participé à ces équipées nocturnes dans les celliers de champagne. Aux yeux du ministère public, leur culpabilité n'en était pas moins établie, ce qui justifiait de les condamner à 6 ans ferme, pour ce qui concerne celui présenté comme le « leader », Ringo Menu, et 4 ans ferme pour ses complices.
Contre deux autres prévenus, père et fils originaires de Fère-en-Tardenois, qui étaient uniquement poursuivis pour le recel de quelques cartons de champagne, il ne réclamait que des jours amendes, facilitant la tâche de leur avocat respectif, Mes Ludot et Blanchart. Le premier pointait, notamment, « toutes les thèses possibles et imaginables » présentées dans le réquisitoire du parquet.
Au vu des peines requises, c'était une autre histoire pour les défenseurs des trois autres prévenus. Si Me Hecart plaidait, en moins de 2 minutes chrono, la relaxe de son client Jonathan Bizon, au-dessus duquel pesaient quatre ans d'emprisonnement, Me Clavel-Delacourt considérait comme « bien maigre » le dossier et estimait que son client, David Tessier, avait « subi » les événements plus qu'il n'y avait participé.
« Pas d'éléments matériels »
Quant à Me Beyer-Buchwalter, avocate de Ringo Menu, elle relevait « l'absence d'éléments matériels » et s'inquiétait « qu'on se raccroche à toute fin aux déclarations de Tessier. Je ne comprends pas qu'on n'ait pas de choses plus concrètes et pas le moindre flagrant délit malgré la surveillance et les moyens sophistiqués déployés ». Enfin, notait-elle, « on a trois personnes d'une même famille. Ça n'est pas comme ça qu'on fait une association de malfaiteurs. »
Les juges ont, pour partie, suivi la défense. Jonathan Bizon a été relaxé. Ringo Menu et David Tessier n'ont, eux, été reconnus coupables que sur une partie des faits, le tribunal ne retenant pas l'association de malfaiteurs. Le premier a écopé de 3 ans d'emprisonnement, dont 18 mois assortis d'un sursis avec mise à l'épreuve et a été écroué aussitôt. Le second a été condamné à 18 mois de prison, dont 6 avec sursis.
Les prévenus reconnus coupables de recel ont été condamnés chacun à 200 jours amendes à 10 euros
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/vols-de-champagne-une-relaxe-partielle
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