Hier, au fond de la salle d'audience du tribunal correctionnel, les parents de Joachim De Macedo étaient accablés, en pleurs. Dans le box, cet homme de 33 ans faisait l'objet d'une comparution immédiate pour vol avec violence.
Le 29 août dernier - « par une impulsion, par le besoin d'avoir de l'argent pour mon quotidien, pour la drogue. Je prends de l'héroïne depuis quinze ans », dit le prévenu -, il s'en est pris, cagoulé, un large couteau à la main, au buraliste installé rue Émile-Normandin, dans le quartier de Tasdon, à La Rochelle. Il est 13 heures, il n'y avait qu'un client dans le commerce.
Partie civile, Jonathan Desloges, le jeune buraliste, expliquait le choc subi lorsqu'il s'est retrouvé avec l'arme, assimilable à un coupe-coupe, en face de lui, tenu par un homme déterminé : « Cela a perturbé ma vie, ma relation avec mon enfant, avec ma femme. Ça a changé ma façon de travailler. »
Tout autant inexpérimenté des tribunaux que le prévenu, dépourvu de casier judiciaire, le commerçant ne sait trop quoi demander comme dommages et intérêts, avant de lâcher une somme : « 10 000 euros ». Auparavant, il a confirmé que son préjudice, 840 euros, des cigarettes et environ 80 tickets à gratter de la Française des jeux, avait été pris en charge par l'assurance.
Suivre les tickets gagnants
Des tickets à gratter, dont surtout ceux gagnants de quelques euros, que la police judiciaire suivait à la trace, jusqu'à remonter à une voiture, filmée par une caméra de surveillance d'un débit de tabac. Il s'agit du véhicule d'un ami d'enfance de Joachim De Macedo. L'homme avait accepté d'encaisser les tickets gagnants. Les enquêteurs poursuivaient leurs investigations et interpellaient Joachim De Macedo, lundi dernier, dans sa voiture.
La gravité et la sanction
Le débat de l'audience d'hier, entre la procureure de la République Valérie Gaillot-Mercier et l'avocat Gilles Boreau, tournait autour de la gravité du vol avec violence et de l'addiction du prévenu. La magistrate requerrait deux ans de prison, dont un avec sursis mise à l'épreuve pendant deux ans, obligations de soins, de travailler ou de se former et obligation d'indemniser la victime. Surtout, elle demandait au tribunal d'ordonner le maintien en détention. L'avocat insistait sur le fait que la détention ne serait d'aucun recours pour son client.
Le tribunal prenait les réquisitions à son compte. La partie civile se voyait allouer 2 000 euros. Alors que le condamné allait partir en prison, une famille se réconciliait, en pleurs.
http://www.sudouest.fr/2012/10/20/les-tickets-a-gratter-gagnants-le-conduisent-en-prison-855254-1391.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire