Laurent D. a-t-il pris conscience du danger qu'il a fait courir à ses voisins en mettant le feu dans deux immeubles dont il était locataire, à Pau ? On l'ignore, car cette question n'a pas été posée à ce père de famille sans emploi âgé de 40 ans, qui comparaissait, hier, devant le tribunal correctionnel de Pau pour trois incendies volontaires et des menaces de mort proférées contre la mère de ses enfants.
La vie de cet homme, qui a déjà eu affaire à la justice mais pour des faits bien moins graves, bascule à l'été 2011, lorsque sa compagne décide de le quitter. Le couple vit alors dans un immeuble HLM de la rue Jacques-Terrier, à Pau.
Sa femme le quitte
Le 14 août, alors que le déménagement est lancé, un incendie éclate, vers 21 heures, au rez-de-chaussée du bâtiment. Par chance, les pompiers parviennent à maîtriser assez vite le sinistre qui ne fait aucune victime mais des dégâts. Le feu ne s'est pas allumé par l'opération du Saint Esprit : il est parti d'un tas de papiers recouvert d'un matelas en mousse retrouvés dans le hall d'entrée.
Malgré le témoignage d'une voisine, qui raconte avoir vu Laurent D. fumer à cet endroit quelques minutes avant l'incendie, ce dernier ne sera pas inquiété. Mais la donne change quelques mois plus tard. Le 15 mai dernier, un nouvel incendie éclate dans un immeuble du centre-ville de Pau, au 10 rue Lamothe. Les pompiers ont été appelés une première fois, vers 21 heures, pour un départ de feu dans le hall. Et ils reviennent en pleine nuit, car le bâtiment est en flammes. Tous les habitants sont évacués à temps, mais un appartement est totalement détruit. « Ce qui représente un préjudice de plus de 31 000 euros », précise Me Domercq, l'avocat des propriétaires, partie civile.
Rapidement, l'enquête conclut à la piste criminelle et à l'arrestation de Laurent D., qui n'est autre que l'un des locataires de l'immeuble. « Je suis déprimé depuis ma séparation. J'ai été pris d'une pulsion », avoue-t-il en garde à vue. Dans la foulée, il reconnaît aussi sa responsabilité dans l'incendie de la rue Terrier, expliquant avoir « agi par dépit amoureux ».
Silencieux à l'audience
Cela signifie-t-il que Laurent D. est un pyromane ? Non, affirme un expert psychiatre pour qui le discernement du prévenu, silencieux pendant presque toute l'audience d'hier, était entier au moment de ses inquiétants passages à l'acte. « Leurs conséquences auraient pu être dramatiques », insiste la vice-procureur Stéphanie Aouine qui s'étonne de n'avoir « entendu aucune excuse à la barre » et requiert trois ans de prison dont dix-huit mois avec sursis. « Pensez-vous qu'une personne qui a la tête sur les épaules resterait dans l'immeuble où elle vient de mettre le feu ? », réplique pour la défense Me Fitas, qui souligne « la fragilité sentimentale » de son client.
Il a finalement été condamné à trente mois de prison dont quinze sont assortis d'un sursis avec une mise à l'épreuve de deux ans. Une période pendant laquelle il lui est fait obligation de se soigner, de travailler et d'indemniser les victimes.
http://www.sudouest.fr/2012/09/04/prison-ferme-pour-le-locataire-incendiaire-810858-4344.php
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