samedi 15 septembre 2012

Le gardien ripou faisait passer en prison shit et portables

C’est un établissement pénitencier où la probité de certains agents laisse à désirer", soupire la présidente Claudine Laporte. Face à elle, Moustapha, 37 ans, comparaît libre mais il a purgé plusieurs mois de détention provisoire lui qui, pendant dix ans, a exercé comme... gardien de prison. La raison ? Il s’est fait prendre la main dans le sac, en novembre 2010, à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, lors d’un contrôle inopiné de la direction.
Un colis contenant onze téléphones, 5 g d’herbe et 5 g de haschich

Le surveillant a tenté d’acheminer à un détenu soupçonné de meurtre un colis contenant onze téléphones, 5 g d’herbe et 5 g de haschich. Et c’est Laëtitia, une amie du prisonnier, qui avait amené la marchandise jusqu’à la voiture du maton, sur le parking de la prison. Le prévenu a reconnu deux livraisons, contre 200 € à chaque fois, bien que l’enquête a établi qu’il était en relation avec Laëtitia depuis huit mois.
"Ça fait longtemps qu’on vous suspectait apparemment. Et pourtant, vous étiez considéré comme dur avec les détenus et comme quelqu’un qui balance ses collègues à la direction", relate la présidente. Grâce à ce double jeu, en déplaçant les soupçons sur ses collègues, Moustapha a réussi à berner sa hiérarchie. Mais le procédé était simple : le portique d’entrée ne fonctionnait qu’à partir de la prise de service des surveillants, à 6 h 30 (ce n’est plus le cas), il arrivait donc juste avant.
Il avait plus de 200 000 € de crédits de consommation courante
"Pourquoi vous avez fait ça ?", interroge la magistrate. "J’ai perdu mon père. J’étais en pleine dépression... J’ai fait une erreur. Je suis tombé dans une spirale", répond, hésitant, le prévenu à la santé cardiaque fragile.
"Vous aviez surtout beaucoup de dettes !", complète la présidente. Effectivement : il avait plus de 200 000 € de crédits de consommation courante et, en plus, il “claquait” beaucoup en faisant la fête, lui qui touchait 1 700 € par mois.
Le procureur s’agace à son tour : "Il ne vérifiait même pas ce qu’il introduisait ! On peut passer tout et n’importe quoi, des armes, des explosifs."
"J’ai eu des menaces, des surveillants ont donné mon nom et mon adresse"
Lors de sa précédente affectation, avant Villeneuve, le trentenaire était déjà dans le collimateur. Il n’empêche : à l’audience, il continue à affirmer qu’il n’était pas le seul gardien à agir de la sorte, sans apporter la moindre preuve. Condamné lorsqu’il était plus jeune pour des menaces et des dégradations, il avait bénéficié d’une non-inscription au casier judiciaire pour pouvoir passer le concours de surveillant.
Un 9 mm et deux gilets pare-balles appartenant à sa direction ont par ailleurs été saisis chez lui. Un matériel destiné, selon ses dires, à sa protection : "J’ai eu des menaces, des surveillants ont donné mon nom et mon adresse, j’avais peur à l’extérieur." En tout cas, il ne travaillera plus jamais “à l’intérieur”.
Moustapha a écopé de quatre ans de prison dont deux avec sursis, Lætitia à huit mois avec sursis pour la complicité.

http://www.midilibre.fr/2012/09/14/le-gardien-ripou-faisait-passer-shit-et-portables,562573.php

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