Après un peu plus d'un an et demi, le couple sentimental formé par Denis et Caroline, deux passionnés de voile, a pris l'eau à l'hiver 2011. Lui, avec un pied à terre du fait de son travail, n'accepte pas que l'élue de son cœur, responsable d'une école de croisière voile habitable, à La Rochelle, mette fin à leur relation.
Le tout frais cinquantenaire se met alors en tête de la suivre, de lui envoyer des SMS et, par dépit et rancœur, de s'en prendre au voilier de son ex. « Le Machin-Chouette », un Arpège (9 mètres) restauré, subit un premier assaut à la fin de l'année 2011 avec quelques dégradations dont le percutage de la survie. Caroline est convaincue que l'acte de malveillance est le fait de Denis.
Incendie volontaire
Considérant que la tension qu'elle subit ne faiblit pas, la monitrice de voile envoie, en mars, un courrier de 4 pages à la procureur de la République. Mais avant que la justice ne se saisisse de l'affaire, Denis franchit une étape supplémentaire.
Durant la nuit du 21 au 22 avril, il mettait le feu au voilier qui se trouve alors en cale sèche, à Port-Neuf. Le « Machin-Chouette » est détruit et l'assureur le classe au rang d'épave. La police ne met guère de temps à interpeller Denis. Il reconnaît les faits.
Regrets et préjudice
Jeudi, à la barre du tribunal correctionnel de La Rochelle, ce dernier faisait profil bas tout en regrettant ses actes. Tant l'avocat parisien de la partie civile (Me Prévost demandait 50 000 € de provisions au titre du préjudice, dont la perte d'exploitation et le rachat d'un autre bateau) que la procureure de la République, Isabelle Pagenelle, insistaient sur la gravité des faits.
La magistrate, tout en considérant que le prévenu ne supportait pas, en fait, son échec de voir sa compagne lui échapper, appelait cependant « à tourner la page ». Elle requérait « une peine d'avertissement lourde » : dix mois de prison avec sursis, tout en ayant pris bonne note que Denis faisait l'objet d'une prise en charge psychologique et de bonnes attestations.
Incapable d'expliquer
Tout au long de l'interrogatoire du président Xavier Rolland, Denis, qui n'avait pas l'allure d'un pirate ou d'un flibustier, avait bien du mal à expliquer ce qui lui était passé par la tête. « Je ne sais pas ce que je voulais démontrer. Depuis des mois il y avait des relances, des SMS, de part et d'autre. » Distillant ainsi l'idée que Caroline souhaitait aussi maintenir une relation.
Une situation sur laquelle surfait Me Alexandra Dupuy, l'avocate du prévenu. Axant sa plaidoirie sur la douleur de son client, elle lâchait : « Cette personne [Caroline, NDLR] ne sait aimer que dans la souffrance. Elle a créé une dépendance. Il s'agit d'une destruction mutuelle. » La monitrice de voile fulminait sur le banc des parties civiles.
Le tribunal condamnait le cinquantenaire à dix mois de prison avec sursis, non-inscription de la condamnation au casier judiciaire de l'intéressé qui doit aussi verser 5 000 € de provisions et au renvoi sur intérêts civils (pour le préjudice) à l'audience du 24 janvier 2013.
http://www.sudouest.fr/2012/08/31/elle-le-quitte-il-brule-son-voilier-808068-1391.php
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