Deux prévenus jugés aujourd'hui en comparution immédiate par
le tribunal correctionnel d'Amiens ont été condamnés
respectivement à 10 et 8 mois de prison avec sursis. Leur peine a été assortie
d'une obligation de suivi psychologique et de chercher du travail, ainsi qu'une
amende conjointe de 642 euros.
Ils avaient un casier judiciaire
vierge
Agés de 20 et 25 ans, les deux hommes condamnés vendredi sont
sans emploi et reconnaissent avoir des capacités intellectuelles limitées. Ils
avaient tous les deux un casier judiciaire vierge. Le plus âgé d'entre eux, qui
est sous tutelle, a reconnu à l'audience avoir mis le feu à une poubelle lors
de la nuit des émeutes à Amiens-Nord,
qui avait fait 17 blessés parmi les policiers et des millions d'euros de dégats
matériels, expliquant avoir agi sous le coup de la "colère" après une déception
sentimentale. Le plus jeune a indiqué avoir simplement fait le guet pour son
ami cette nuit-là, sans avoir participé aux incendies. Il s'était mis à
sangloter au moment des réquisitions du procureur.
Son avocat, Me Guillaume Demarcq, s'est déclaré "satisfait"
du verdict. "Le tribunal est là pour rendre la justice, il n'est pas là pour
faire régner la sécurité. La sécurité, c'est une autre notion, c'est la raison
pour laquelle il y a un ministre de l'Intérieur", mais celui-ci "n'est pas
procureur de la République", a-t-il déclaré. Selon lui, les peines requises par
le procureur n'avaient "rien à voir avec les peines requises habituellement
pour des faits strictement identiques", mettant en cause l'"emballement
médiatique". Le procureur adjoint, Eric Bossuge, avait quant à lui expliqué ses
réquisitions par la "dangerosité pour la sécurité qui ne peut être écartée",
reconnaissant toutefois que les deux prévenus n'avaient participé aux
affrontements "qu'à la marge".
Les meneurs toujours recherchés
Un premier prévenu, un homme de 27 ans, était également
accusé d'avoir appelé les jeunes du quartier nord à la violence dimanche soir,
lors d'une cérémonie d'hommage à un jeune décédé quelques jours plus tôt.
Reconnu par un policier alors qu'il se présentait au commissariat dans le cadre
de son contrôle judiciaire dans une autre affaire, il nie les faits qui lui sont
reprochés. Il encourt sept ans de prison et 100.000 euros d'amende. Son audience
a été renvoyée au 12 septembre. Il a été placé sous mandat de dépôt à la maison
d'arrêt de Liancourt (Oise) dans l'attente de sa nouvelle audience, suivant la
réquisition du procureur adjoint.
Déférés vendredi matin, les trois prévenus, interpellés dans
la nuit de mercredi à jeudi, sont poursuivis pour "provocation directe à
l'attroupement armé" et "rébellion suivie d'effets" pour l'un d'entre eux, et
"destruction volontaire de bien d'autrui par un moyen dangereux" pour les deux
autres.
Le procureur adjoint d'Amiens a précisé que les trois hommes
ne faisaient pas partie des meneurs du mouvement, qui étaient toujours
activement recherchés.
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