Suite à la plainte d'une entreprise pour favoritisme, la directrice et une
employée de la communauté de communes de l'Abbevillois ont été placées en garde
à vue.
La directrice de la communauté de communes de l'Abbevillois (Somme), Brigitte Levastre, a été placée en garde à vue à Amiens voici quelques semaines, de même que Céline Lebel, responsable des appels d'offre de la CCA. Elles ont été entendues par les policiers, suite à la plainte pour favoritisme déposée par l'Entreprise Générale du Bâtiment (EGB) d'Eu (Seine-Maritime). Celle-ci n'avait pas été choisie pour réaliser une partie du chantier de construction du nouveau dépôt de bus de l'Abbevillois. Un bâtiment inauguré en septembre 2011 à côté de la gare d'Abbeville. EGB s'estime lésée et remet en cause la sincérité de la procédure. Elle a donc saisi le tribunal administratif, mais aussi porté plainte au pénal pour faux. D'où le déclenchement d'une enquête, confiée à la police judiciaire d'Amiens et à la brigade financière.
Un prix «anormalement bas »
Contactée, la direction d'EGB se refuse à tout commentaire sur cette affaire. L'avocat de la communauté de communes, maître Pierre Van Maris, est plus disert. Il s'étonne d'abord de la réaction tardive de l'entreprise : «Après l'appel d'offres, elle n'a pas été retenue et a reçu sa notation. Elle était alors en droit de faire un recours devant le tribunal administratif, qui, dans ce cas, aurait statué très vite. Mais elle n'a pas bougé . Pourquoi ? Et maintenant, un an et demi plus tard, ils disent que le document était un faux. » L'avocat conteste : «Quand il y a appel d'offres, les propositions faites doivent répondre à un certain nombre de paramètres, qui sont notés. Et le prix n'est pas le seul critère. La communauté de communes a la possibilité de faire appel à un tiers, à un architecte ou un économiste du bâtiment pour établir la notation. Ce qui a été le cas. » Il précise cependant : «Le dossier est ensuite transmis aux élus membres de la commission d'appel d'offres qui tranchent. Cette fois, ils ont dit qu'ils n'étaient pas d'accord avec le prix de la prestation et ils ont changé la note. » D'après maître Van Maris, les élus trouvaient ce prix «anormalement bas ». Leur décision a eu pour effet d'écarter EGB de la 1ère place. Et elle a conduit les services de la CCA à modifier le tableau de notation, établi par l'architecte. C'est cette correction qui aurait conduit l'entreprise à considérer le document comme falsifié. «Ce n'est pas un faux, insiste au contraire maître Van Maris. Ce n'est pas fréquent, mais c'est possible, dans le cadre de la procédure. »
Il doute en tout cas de la solidité des arguments avancés par EGB : «Dans son recours, elle ne justifie ni des frais avancés, ni de la marge bénéficiaire escomptée. » Difficile dans ce cas d'évaluer le préjudice subi, estime encore l'avocat.
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Plainte-pour-favoritisme
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