Emmanuel Siegmund, âgé de 43 ans, a été condamné hier à douze ans de réclusion criminelle pour violences mortelles sur son épouse à Fresnoy-le-Grand, en février 2010.
C'EST l'histoire d'un homme rongé par un mal intérieur, l'alcool. Cette béquille entraîne sa chute. Il ne faut pas rechercher dans son enfance les raisons de cette faille. Emmanuel Siegmund, 43 ans, né à Saint-Quentin, est le fils d'un ouvrier tisserand et d'une mère au foyer. Il est choyé, plein de souvenirs de bonheur. Les vacances se déroulent au Touquet. Dans cette famille, les hommes ont les mains calleuses et le goût de l'effort. Les femmes sont besogneuses. Il apprend le métier de coiffeur et reste avec ses parents à Fresnoy-le-Grand jusqu'à l'âge de 26 ans. Toute son existence se déroule dans la proximité des visages et des lieux. Ce témoin de Jéhovah, hostile à la violence, n'effectue pas son service militaire. Il rencontre Sonia Masse dans une discothèque à Wassigny et l'épouse en octobre 2006. « Il y avait de quoi être heureux » dit-il.
Le drame de l'indifférence
Les relations restent, tout de même, fraîches avec sa belle-famille qui le suspecte de boire plus que de raison. Le roi des ciseaux s'installe à son compte à Fresnoy-le-Grand. Il se montre aimable. Emmanuel Siegmund est même un commerçant avisé. Il offre le café à ses clients, anime le salon par ses plaisanteries. Cette façade cache un comportement de bourreau. Il gifle son père, cause une fracture du tibia à sa maman. C'est toujours l'alcoolisme qui lui inocule cette furie. Face à l'adversité, il se montre fragile et démuni.
La mort rôde. Elle frappe son papa victime de la canicule en 2003. Son beau-frère succombe en 2008 lors d'une rixe à Bohain.
Peu à peu, Emmanuel Siegmund vacille, comme son épouse. Les bouteilles de bière et de vodka s'entassent dans la maison. Les disputes violentes se multiplient. L'une d'elles survient le 11 février 2010. Sonia Masse, 46 ans, succombe sous les coups. La date de sa mort n'est toujours pas connue avec certitude. « C'est lui qui l'a tuée. J'ai une photo de ma fille mais c'est tout ce que j'ai », raconte la mère de la victime. Son regard est celui d'une exilée éternelle sur les terres du malheur.
Son avocate, Me Delvallez, évoque aussi tristement Sonia « C'est l'héroïne bien malgré elle d'une tragédie ».
Emmanuel Siegmund n'esquive pas sa faute. Mais il est souvent maladroit. A la prison de Laon, il se confie à une surveillante qui le traite de « mythomane et de dérangé ». Les autres détenus le suspectent d'avoir tenté des avances vis-à-vis de la fonctionnaire. Il se montre souvent ainsi, bavard et confus. Le roucouleur est gagné par les fausses notes. Une attitude qui nuit à sa défense.
Les parties civiles taillent en pièce le comportement de l'accusé. « Il a dit, elle est tombée. Il a cru que ce mensonge allait le sauver. Mais la réalité, c'est le corps de Sonia », s'insurge Me Stalin, l'un des avocats du fils de la victime. Me Vignon renchérit en décrivant le traumatisme de l'adolescent âgé de 14 ans aujourd'hui : « La dernière vision de sa maman, c'est un visage tuméfié. Ses derniers mots sont un appel au secours ».
Une maman est morte. Elle aurait pu être sauvée si les pompiers n'avaient pas été alertés deux jours après.
Aude Bellan, avocate générale, déplore l'indifférence générale entourant ce drame. Elle estime « le risque de récidive n'est pas à exclure ». La représentante de la société requiert une peine de onze ans d'emprisonnement et un suivi socio-judiciaire de cinq ans.
Emmanuel Siegmund est incarcéré depuis deux ans et quatre mois. Il a été condamné à douze ans de réclusion criminelle et à cinq ans de suivi socio-judiciaire.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/violences-mortelles-douze-ans-de-reclusion-criminelle
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