Hier matin, à Saint-Barthélemy-d'Agenais. Elle tient la caisse de son commerce, le Montmorency. Ses yeux sont tuméfiés, ses lèvres fendues, ses bras pleins d'ecchymoses. Marques encore visibles de l'agression dont elle a été victime dans la nuit de vendredi à samedi. Pourtant elle est là. Elle tient bon et fait tourner son bureau de tabac et presse. « Elle veut exorciser le sort. C'est aussi une manière pour elle de continuer d'exister. Son commerce, c'est sa vie », explique un proche de Martine Devaux (née Dussert-Sarthe).
Aux clients qui viennent lui apporter du soutien, elle livre des bribes d'histoire mais refuse de répondre aux questions des autres. De la presse surtout. Son voisin s'emploie d'ailleurs à repousser les différentes tentatives. D'un ton parfois menaçant. Pour beaucoup, Martine Devaux doit maintenant être protégée. Particulièrement après le home-jacking dont elle a été victime dans la nuit de vendredi à samedi.
20 000 euros de préjudice
Trois hommes sont entrés dans sa maison, l'ont emmenée dans son commerce pour y voler de la marchandise et de l'argent liquide, puis ils l'ont abandonnée, ligotée, en pleine nuit à proximité d'un point d'eau, sur la commune d'Agmé (lire « Sud Ouest Dimanche »). Le préjudice se résume à 200 cartouches de cigarettes, 84 bouteilles d'alcool, 4 500 euros en espèces et des jeux de loterie. Pour un total estimé entre 17 000 et 20 000 euros.
La commerçante, arrivée de région parisienne il y a quelques années pour tenir un commerce au calme de la campagne, a aussi été violentée par ses agresseurs. Un trio activement recherché par les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie.
Dans le bourg, c'est le choc
Pour la quatrième fois depuis son installation derrière le comptoir du Montmorency, elle est victime d'agression. Pour les voyous auxquels elle a toujours fait front, la veuve sexagénaire semble une proie facile.
« C'est incompréhensible, tant de violence… Et pour quoi ? De l'argent et des bagnoles ? C'est infect de leur part. Pour moi, ces gars-là méritent pire que la prison. Ce qu'ils ont fait est impardonnable », juge un client peu étonné que la buraliste tienne son commerce un jour après la nuit terrible qu'elle a passée. « C'est sans doute cela qui la fait tenir bon, qui lui donne un but. Elle ne doit pas vouloir rester chez elle, à broyer du noir. »
Mais ce courage devant tant d'adversité laisse certains perplexes : « Elle est ouverte tous les jours de la semaine, du petit matin jusqu'à la nuit tombée, explique le maire Roland Caroff. Les gendarmes l'ont déjà mise en garde. »
Difficile aussi de ne pas éprouver de la compassion pour cette femme sur laquelle le sort semble s'acharner. Alors des clients la soutiennent : « Je passerai chez toi. Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi. » Un geste qui touche la buraliste : « Je savais que je pourrais compter sur toi. »
Information judiciaire
Sur le plan judiciaire, le parquet va ouvrir une information et transmettre le dossier à un juge d'instruction. Suite aux faits, les gendarmes ont ouvert une enquête pour vol avec arme en réunion, séquestration, vol avec destruction et surtout extorsion avec arme.
L'avocat agenais de la victime, Me Bellandi, a indiqué qu'il déposerait la constitution de partie civile dans la foulée de l'ouverture de l'information judiciaire.
http://www.sudouest.fr/2012/06/04/de-retour-au-travail-732963-3603.php
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