Chaque fois, c'est pareil. Elle court, elle court la rumeur. L'opinion publique veut absolument trouver un coupable, prouver l'intervention d'un tiers pour expliquer ces décès ou disparitions dans la Garonne. Les hypothèses les plus extravagantes ont été avancées, relayées par les forums et les réseaux sociaux. Crédibles pour certaines, tant que les corps restaient introuvables.
Après la théorie du trafic d'organes de jeunes en bonne santé, émise lors des premières disparitions d'étudiants depuis retrouvés noyés sans aucune trace chirurgicale, la thèse d'un « serial pousseur» a été formulée. Seuls parmi les proches des victimes à y croire et à s'accrocher à cette thèse d'une main criminelle, les parents de Vincent Zecca, un des étudiants disparus et retrouvés noyés au printemps, ont déposé une plainte contre X pour homicide volontaire fin mai. Les « éléments troublants » nouveaux, promis par leur avocat n'ont pas été fournis. Mais la brigade criminelle de la sûreté départementale travaille toujours sur ce dossier.
Cette idée d'un serial pousseur avait été qualifiée de «pur fantasme» par le directeur départemental de la sécurité publique, l'inspecteur général, Pierre-Marie Bourniquel. « D'autres jeunes ont fait un plongeon involontaire dans la Garonne parce qu'ils voulaient satisfaire un besoin naturel, parce qu'ils ont enjambé la rambarde par jeu ou défi », fait valoir un policier proche des enquêtes. « Heureusement, ils ont été tirés des eaux à temps. Ils ont vite dessaoulé. Quand on les interroge, ils font plutôt profil bas. Aucun n'indique avoir été suivi derrière la barrière, ni ne mentionne un pousseur doté d'une force incroyable pour les propulser à l'eau par-dessus le garde-corps».
Fin mars, le parquet de Bordeaux a même organisé une conférence de presse pour faire taire «ces rumeurs fantaisistes infondées » et persistantes. Elles ont repris de plus belle ce vendredi sur internet, s'insinuant dans les esprits. « Enfin n'y aurait-il pas quelqu'un qui prendrait un malin plaisir à pousser les gens dans la Garonne ? » , demande un internaute. « Autant de jeunes qui tombent dans la Garonne en une année est plus que suspect », remarque un autre.
Il est vrai que la répétition des faits pose question. Mais la vérité est peut-être plus crue et brutale. Plus banale. Des chutes accidentelles dans la Garonne, liées au moins pour les cinq premières disparitions à une consommation excessive d'alcool. Dans un fleuve si proche et si dangereux à la fois à cause de ses eaux qui suivent le mouvement des marées, tourbillonnent, sont rendues opaques par les limons.
A nouveau, cet après-midi, le parquet s'est exprimé. « Pour la disparition de ce jeune marginal, nous ne savons rien, il est encore trop tôt », a souligné le procureur adjoint Gérard Aldigé. «Pour les autres, nous pensons davantage vraisemblable la thèse accidentelle car il n'y a pas d'élément nous permattant d'étayer l'hypothèse d'un crime ».
http://www.sudouest.fr/2012/06/22/disparitions-dans-la-garonne-la-rumeur-a-la-peau-dure-751060-2780.php
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