Thomas Alexandre, 25 ans, employé au magasin « US Game », aura passé 17 heures en garde à vue après avoir été accusé par deux gamins de 11 et 13 ans d'être un receleur. Il n'avait pourtant strictement rien à se reprocher.
LA vérité sort de la bouche des enfants, a-t-on coutume de dire. Ce ne fut pas vraiment le cas cette fois.
Voilà quelques jours de cela, Thomas Alexandre, vendeur au magasin de jeux vidéo « US Game », situé place d'Alsace-Lorraine, à Sedan, a vu débarquer cinq policiers en civil en fin d'après-midi, qui lui ont signifié qu'il était poursuivi pour recel et qu'il allait devoir s'en expliquer au poste. Aussitôt dit, aussitôt fait, cinq minutes plus tard, Thomas se retrouvait devant un officier de police judiciaire. Il nous raconte sa très désagréable mésaventure.
« Juste avant d'être interpellé, j'ai vu entrer dans le magasin un jeune à qui j'avais déjà eu affaire deux ou trois fois. Il venait me vendre trois jeux vidéo, ce qui arrive tous les jours puisque nous rachetons en moyenne entre 50 et 100 jeux par semaine afin de les remettre à la vente comme jeux d'occasion. J'ai réglé à ce jeune ce que je lui devais et il est parti. Les policiers sont arrivés une minute plus tard. Je n'ai rien compris… »
En fait, Thomas va être très sérieusement soupçonné d'avoir incité deux jeunes à aller dérober des jeux chez Leclerc pour son propre compte.
Les accusateurs en question ne sont autres que ces deux gamins, qui après s'être fait prendre en flagrant délit de vol par un vigile de la grande surface, ont expliqué aux policiers qu'ils faisaient ça à la demande du vendeur du magasin « US Game » : « Il nous avait même expliqué comment s'y prendre pour ne pas se faire avoir au niveau des portails électroniques », précisent-ils.
Les deux enfants, âgés - rappelons-le - de 13 et 11 ans, semblent de bonne foi. Auditionnés séparément, ils racontent tous deux absolument la même chose : « Il nous demandait même de voler des jeux bien précis puis nous les payait aussitôt ».
Crise de larmes et aveux
Ils admettent également que leur petit manège durait depuis un mois. Ils auraient ainsi dérobé une quinzaine de jeux.
Devant ces accusations, Thomas va essayer de garder son sang-froid et d'expliquer aux enquêteurs que tout cela ne tient pas debout : « Je leur ai d'abord répété que cette histoire était une pure invention de la part des gosses et qu'il suffisait de réfléchir un peu pour s'apercevoir que ce genre de recel n'avait aucun intérêt puisque j'étais censé racheter des jeux que je revendais ensuite, donc sans faire aucun bénéfice ».
Mais Thomas a beau se démener dans ses explications, à l'autre bout du fil, le procureur estime qu'il faudra procéder à une confrontation pour tirer l'affaire au clair.
Mais il est déjà 18 h 30. Les enfants sont repartis chez eux et il faudra donc les convoquer le lendemain matin. En attendant, direction la geôle de garde à vue où le jeune homme ne va quasiment pas fermer l'œil de la nuit : « Je commençais à sérieusement me faire du souci car je n'avais aucun élément matériel à faire valoir pour prouver que j'étais complètement innocent dans cette histoire. C'était la parole des gamins contre la mienne. »
Heureusement, l'OPJ chargé de « l'affaire » n'était pas tombé de la dernière pluie. Il nous confiera : « Avec l'expérience, on arrive à décrypter le comportement des gens. Et quelque chose me disait que le vendeur était de bonne foi même s'il fallait attendre la confrontation pour en avoir le cœur net ».
Lorsque le policier reçoit les deux jeunes le lendemain matin, il ré-entend déjà le plus petit qui répète sa version des faits comme la veille et lui précise même que quand il sera grand, il veut faire policier comme lui.
L'officier sourit et embraye : « Et tu sais par exemple que l'une des qualités d'un policier, c'est de ne jamais mentir ». Le gamin acquiesce, mais se sent apparemment un peu moins à l'aise dans ses baskets. L'enquêteur enchaîne en haussant quelque peu le ton : « Parce que là je crois bien que tu as failli envoyer en prison un brave monsieur à cause de tes mensonges ».
Le faux témoin en herbe, à peine plus haut que le bureau, craque et c'est la crise de larmes. Entre deux sanglots, il avoue : « C'était pour pas nous faire crier par nos parents, Monsieur ».
Un mensonge qui aura tout de même coûté 17 heures de garde à vue à un honnête garçon qui désormais note scrupuleusement le nom des personnes qui viennent lui revendre des jeux vidéos.
Tout est bien qui finit bien, mais au regard de Thomas, l'épilogue fut tout de même un peu long à venir.http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/des-gamins-menteurs-lenvoient-en-garde-a-vue
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