samedi 26 mai 2012

Besançon : une nounou poursuivie pour maltraitance

« Si vous voulez faire peur à ma fille, il suffit de lui dire qu’elle va retourner chez sa nounou. Elle se calme immédiatement. » Témoignage parmi d’autres sur la dizaine de parents qui ont confié plusieurs années durant leurs chérubins à cette assistante maternelle du Haut-Doubs. A 39 ans, et mère de famille elle-même, elle doit répondre de « violences par personne ayant autorité » commis au cours de ses trois ans d’exercice, jusqu’à fin 2010.
« J’étais autoritaire oui, stricte si on veut, je grondais et punissais mais pour le reste non, je n’ai rien à me reprocher », affirme-t-elle devant les juges.
Le reste ? Ce sont des claques, un coup de fourchette sur la main d’un bambin qui crie, la couche mise sur la tête d’une autre parce qu’elle a fait pipi, les menaces (« tais-toi sinon je vais faire un meurtre ! »), les punitions (debout sur une jambe avec les mains sur la tête) et les gestes brutaux : exaspérée, elle aurait sorti un enfant de sa chaise haute et l’aurait posé par terre au point de lui occasionner un mois de plâtre à la jambe.
Autant de faits qui ont été portés à la connaissance de la police par l’ex-conjoint de la nounou et leur fille, alors âgée de 11 ans, qui à l’époque voulait partir vivre chez son père.

« J’avais moins de patience »

« Tout est lié à ce contexte de séparation conflictuel qui dure encore aujourd’hui », reconnaît la nounou qui a refait sa vie mais est toujours en bisbilles avec son ex quant à la garde de leur adolescente. « C’est vrai qu’à partir de la rupture, comme il me mettait la pression et que ma fille s’en mêlait, j’avais moins de patience avec les enfants. J’étais très stressée, je m’énervais rapidement mais c’était juste verbal, je ne les tapais pas ! »
Reste, comme le souligne M e Masson, avocat des parties civiles, que « sa propre fille s’était confiée à deux amies avant de faire ses déclarations à la police. Et ce qu’elle a décrit comme brutalités cadre parfaitement aux hypothèse du médecin qui a constaté la fracture de l’un des enfants ! » Parmi les parents qu’il défend, ceux-ci se sont inquiétés lorsque leur fille leur a déclaré : « Il n’y a que nounou qui a le droit d’être méchante avec moi ».

« C’est rien, c’est les dents… »

En discutant avec d’autres parents, ils ont reconnu les symptômes de constipation chronique dont souffrait leur petite fille sans que les différents spécialistes puissent lui attribuer d’autre cause que psychologique. Il y a aussi ces autres parents qui, lorsqu’ils s’inquiétaient de voir leur enfant les joues toutes rouges lorsqu’ils venaient le chercher, entendaient la nounou leur répondre : « C’est rien, c’est les dents… ».
« Normalement, une nounou, c’est censé être comme une deuxième maman… Pourquoi ma fille ne veut plus lui dire bonjour lorsqu’elle la croise ? », s’interroge également cette mère.
S’appuyant sur « les témoignages convergents » de plusieurs parents et reprenant les éléments de l’enquête, le procureur Grécourt estime que la prévenue, « impulsive et prompte à l’emportement, n’est pas faite pour être assistante maternelle ». Il requiert six mois avec sursis et mise à l’épreuve avec obligation de soins pour apprendre à se maîtriser et l’interdiction définitive d’exercer toute activité professionnelle ou bénévole en contact avec des enfants.
Pour la défense, M e Schwerdorffer parle de faits « grossis. Sur ses trois années d’exercice, elle a gardé une trentaine d’enfants, or si un parent avait vu le moindre bleu, il l’aurait signalé immédiatement et n’aurait pas attendu les déclarations de l’ex compagnon et de la fille de ma cliente. Si les parents n’ont rien vu, c’est peut-être qu’il n’y avait rien à voir. Les enfants peuvent mentir ! Et comme c’est un sujet extrêmement sensible, les adultes sont promptes à les croire. » La fracture ? « Ce type-là est très courant chez les nourrissons, sinon, le médecin aurait fait un signalement ! » Et de plaider la relaxe.
Le tribunal a mis son jugement en délibéré. Décision le 29 juin.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/05/26/une-nounou-poursuivie-pour-maltraitance

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