samedi 28 avril 2012

Venarey-Les Laumes : il frappait sa mère âgée

Dans combien de foyers de nos villes ou de nos villages couvent sourdement et depuis toujours ces violences familiales ? Connues de tous. Cachées et tues, elles deviennent ainsi le quotidien des victimes. Lesquelles, au nom du lien sacré de la chaire, finissent par les accepter. Ou tout au moins à s’y résigner, les banalisant aux yeux même de leurs bourreaux qui s’engouffrent dans cette acceptation tacite de leur propre violence. Dans cette intimité perverse, jalonnée de compromis malsains, de coups et de haine qu’ils finissent par justifier.
Comme cet homme de 47 ans aujourd’hui à la barre. Impossible de déterminer depuis combien de temps il frappe sa mère de 75 ans. D’ailleurs, on ne le saura jamais. Leur silence entendu emportera leur secret commun. Une forme d’alibi filial ou maternel. Destructeur et nauséabond.
L’histoire de ce duo fusionnel aurait pu être racontée par Zola ou Genevoix, tant leur vie s’apparente à un sordide roman de terroir. Promiscuité, décrépitude, précarité, insalubrité, mort du père, invalidité du fils. Autant de plaies qui s’ajoutent à l’alcool. Omniprésent. Depuis toujours. Générationnel.
Le 24 avril dernier, tout aurait pu continuer comme d’habitude si, exceptionnellement, la sœur du prévenu n’avait osé cette fois crever l’abcès. Enfin. Brisant les tabous et le silence, elle dénonce son frère. Contre l’avis de sa propre mère. Les gendarmes et le médecin légiste constatent que celle-ci présenter d’énormes hématomes aux yeux et aux genoux, mais surtout une grave fracture du nez.

Ils vivent dans l’“anormalité” permanente…

La machine judiciaire est enfin lancée, malgré les réticences de la victime qui ne souhaite pas que l’on ennuie son fils et que les choses doivent ainsi perdurer. « C’est comme ça. On n’y peut rien », dira-t-elle. Complicité protectrice d’une mère. Jusqu’au bout.
A la question de la présidente Millerand « avez-vous vu les photos de votre mère ? », le fils répondra, avec une arrogance pathétique : « Oui. Elles sont belles ».
La procureure Locks décrira « des photos plus qu’inquiétantes. Autant que la négation des faits par l’auteur ».
« Aujourd’hui, dans l’urgence, on tente de s’immiscer dans ce huis clos sordide. Dans ces bas-fonds d’une ambiance familiale lourde », expliquera M e Chaumard. « Lui n’a aucun discernement. Tous deux ne comprennent rien. Pour eux, il ne s’est rien passé de plus ou de moins que d’habitude. Ils vivent dans une “anormalité” permanente. C’est leur vie. Mais qui s’en préoccupait vraiment jusqu’alors ? »
Hervé Rogala a été condamné à 18 mois de prison dont 12 avec sursis et obligation de soins.

http://www.bienpublic.com/cote-d-or/2012/04/28/venarey-les-laumes-il-frappait-sa-mere-agee

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