Trois accusés sont jugés depuis hier par la cour d'assises dans l'affaire de « la tête coupée ». La personnalité de l'accusé du meurtre commis à Saint-Quentin en 2008, Christophe Vautrin, un ancien parachutiste des forces spéciales, retient l'attention.
DERRIÈRE chaque drame, il y a une clé. La chercher, c'est comprendre le basculement d'un être vers la délinquance et pire, le crime.
À première vue, il n'y a aucun signe de traumatisme dans la jeunesse de Christophe, âgé de 31 ans, accusé de meurtre.
Son père décède en 1979 dans un accident de voiture et son beau-père est un agent de la SNCF, sa mère, une caissière. C'est la représentation sociale de la classe moyenne loin des ravages de la précarité. Mais ce qui compte, sans doute, c'est le ressenti que l'on a, le regard sur sa propre vie. Christophe Vautrin porte une blessure d'enfance non soignée. Vers 12 ans, il apprend que celui qu'il pensait être son père n'est que son beau-père. La révélation le transforme. « Il y a eu beaucoup de déception, suivie de rébellion », dit cet homme aux cheveux courts, appréciant pourtant la discipline.
Ses traits sont émaciés, avec un menton mangé par une petite barbe. Ses yeux sont petits, comme enfouis dans son visage et son regard ne reflète aucune chaleur. Son teint est légèrement hâlé. Ses épaules musclées, sa silhouette affûtée, vêtue d'un blouson blanc, évoquent un guerrier au repos, de retour d'une mission lointaine. Après un apprentissage à Saint-Quentin en ameublement puis en carrosserie, il effectue son service militaire en 1997 dans une unité prestigieuse, les Dragons parachutistes de Dieuze (*). Un régiment spécialisé dans la dissimulation, l'observation et l'endurance. Mais une blessure au genou, lors d'un saut, le prive d'un engagement. Sans ce mauvais coup du sort, peut-être sa vie aurait-elle été différente. Il pouvait se sentir un héros malgré son statut de magasinier. Il ne trouve plus sa place et se retrouve à la rue. Seul, avec la crainte du lendemain.
Un être secret
Il est condamné pour un vol avec arme dans le Var puis pour violence sur personne vulnérable à Saint-Quentin en 2008.
Cette dame, qui n'a qu'un bras, l'héberge chez elle. Il lui montre son poing. Elle ne tarde pas à le craindre. « Je n'ai jamais frappé cette personne mais il y a eu beaucoup d'insultes », se défend-il, esquissant un grand geste de la main droite. Ce mouvement laisse l'empreinte d'un sentiment un peu désabusé, la décontraction de celui qui ne peut plus changer le cours de son destin. Un être secret, incarnant la virilité, attiré par les hommes et toujours lié à son seul visiteur en prison, âgé d'une vingtaine d'années de plus que lui. Dès dix-neuf ans, il a vécu avec lui pendant cinq ans et explique : « Il m'a apporté du réconfort, un cercle un peu familial. »
Pourtant, son blog sur Internet revendique son attraction pour les femmes. Il est ainsi expert dans l'art de conduire les autres dans des impasses, pour conserver sa liberté et tout son mystère.
La consommation du cannabis associée à de l'héroïne accélère son désir de vivre dans l'instant. « Il n'est pas fréquentable », juge l'une de ses sœurs vivant dans le Saint-Quentinois. Lui se voit seulement comme un simple marginal sans logement. Christophe Vautrin ne perd jamais son assurance, comme un équilibriste assuré de triompher de tous les obstacles.
Dans cette vie, il y a surtout l'alcool, qu'il consomme sans limite. Trois bouteilles de whisky par jour forment son régime habituel. Une absorption qui pèse sur le déroulement des faits examinés ce matin par la cour. Chacun des trois accusés va décrire son rôle.
Qui a tué en découpant à la hachette la tête de la victime ?
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/assises-la-chute-dun-ancien-parachutiste
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