LE 12 décembre, un homme originaire de Beuvardes devait être jugé en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Soissons pour avoir, durant le week-end précédent, été interpellé par les policiers de Château-Thierry en ivresse publique et manifeste (IPM) mais surtout, selon les informations alors en possession du parquet, pour avoir mordu l'un des fonctionnaires en se rebellant et nécessité sept points de suture à un pouce (l'union du 13 décembre).
Le doute du parquet
Dès cette comparution, l'avocat du prévenu, Me Arnaud Miel, avait émis quelque doute sur la matérialité de l'infraction. « Comment quelqu'un qui n'a pas de dents peut-il mordre à travers les gants en cuir d'un policier ? » s'était interrogé son conseil. Le tribunal avait donc demandé un supplément d'information pour avis médical et renvoyé l'affaire à l'audience d'hier.
Les conclusions du praticien hospitalier, versées lundi au dossier, ont confirmé les doutes exprimés, mi-décembre, par la défense, des doutes concédés par l'avocat du policier. « Il n'a jamais dit qu'il a été mordu », notait aussi Me Xavier Lefèvre, en pointant néanmoins « le préjudice moral pour les insultes proférées et la rébellion ».
Plus « techniquement », la partie civile relevait cependant qu'il avait pu mordre le policier avec les molaires. « Quand on ouvre une cannette de bière avec les dents, c'est avec les molaires », se hasardait-il à soulever.
La substitut du procureur, Marion de La Lance d'Olce, insistait pour sa part sur « l'extrême violence » de la rébellion et confirmait que c'est bien d'une morsure à un policier dont le parquet avait alors été saisi. Hier, la magistrate a requis la relaxe du prévenu pour les violences, au bénéfice du doute, et réclamé de 4 à 5 mois d'emprisonnement pour la rébellion et 200 euros pour l'IPM.
« Affaire montée de toutes pièces »
Dans sa plaidoirie, Me Miel n'avait plus qu'à s'appuyer sur les réquisitions du ministère public. « Je n'ai aucun doute. C'est une affaire montée de toutes pièces », estimait l'avocat, aux yeux duquel « le parquet a été induit en erreur ». Selon Me Miel, son client n'a « aucune dent », molaires comprises. Il rappelait aussi que c'est à l'annonce de son placement en garde à vue, « impossible » s'agissant d'une IPM, que l'homme avait réagi ainsi, la jurisprudence reconnaissant que la résistance passive n'est pas « constitutive d'une rébellion ». Il émettait enfin le souhait de « suites disciplinaires » contre le policier qui affirmait avoir été mordu.
Le tribunal a relaxé le prévenu s'agissant des violences et l'a condamné à des peines de 300 et 150 euros pour la rébellion et l'ivresse publique et manifeste.http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/prevenu-relaxe-le-policier-na-pas-pu-etre-mordu-par-un-edente
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