Gilbert Austruy, trente-six ans de service à La Poste, est suspendu depuis le 8 décembre. Blessé, il a décidé de se battre.
"Je ne suis pas le seul, je fais ça pour que d’autres puissent se faire entendre." Le message est clair et, fidèle à l’homme, altruiste. Gilbert Austruy, 54 ans dont trente-six comme facteur à La Poste, est un homme blessé. Mis à pied le 8 décembre dernier à la suite d’un excès de colère qui l’a conduit à jeter une chaise sur un supérieur, il est en arrêt maladie depuis. En dépression, il a néanmoins tenu à se battre, autant pour lui que pour dénoncer une "pression de plus en plus forte" qui gangrène sa profession.
Pour Bernard Petit, ancien collègue à l’origine du collectif de soutien, le mal qui ronge les services de La Poste ne date pas d’hier. Mais plutôt de juin 2010, et la mise en place de la nouvelle organisation du courrier. "Ils ont appliqué la politique nationale de baisse du personnel dans l’Hérault, alors qu’ici, l’augmentation démographique est constante et que les parcours de distribution s’agrandissent sans cesse."
Bernard Petit, postier retraité : "La pression redescend sur les facteurs"
Dès lors, les deux facteurs constatent un rythme de travail effréné et une demande d’efficacité éprouvante. "Leur objectif est de tuer le métier de facteur, s’emporte Bernard Petit. Ils veulent maintenant des distributeurs productifs." Pour Gilbert Austruy, le modèle du facteur de proximité auquel on l’avait formé est bien loin. "Aujourd’hui, on n’a même plus le droit de récupérer le courrier auprès des gens", se désole celui qui est sur la même tournée pignanaise depuis 1994.
"Toute la pression redescend sur les facteurs", constate alors Bernard Petit. Sur Gilbert, elle se traduit notamment, depuis l’été 2010, par trois accidents de travail. "En trente-six ans de service, je n’avais eu aucun accident. Et là, en un an, j’en ai eu trois." Il poursuit sa mission malgré tout. "J’ai la tournée la plus chargée, la plus difficile, avec plus de 900 boîtes aux lettres et 20 km à effectuer en scooter mais j’ai toujours voulu la conserver. Et je n’ai jamais eu de réclamation." Depuis dix ans, il est même toujours noté “excellent”.
"Pétage de plomb"
Alors, comment expliquer cet excès de colère, ce “pétage de plomb” ? Pour répartir sa charge de travail, Gilbert avait l’habitude de remettre aux lendemains des courriers publicitaires, qu’il jugeait moins prioritaires. On lui a reproché de trop le faire. Et le 8 décembre, alors que tous ses collègues sont en tournée, il est convoqué par la responsable courrier de Saint-Jean-de-Védas et le chef d’équipe. Demandes d’explications, forte tension, les nerfs du facteur lâchent. Lui, "tolérant, calme et patient", d’après ses collègues, s’énerve et jette une chaise sur son supérieur. Depuis, Gilbert attend de passer devant un conseil de discipline.
Le collectif de soutien, qui appelait à signer une pétition hier soir, souhaite que soient reconnues les "responsabilités partagées". Du côté de La Poste, qui confirme "la mise à pied conservatoire pour faits graves", on refuse de communiquer sur une affaire en cours.
http://www.midilibre.fr/2012/02/24/mis-a-pied-pour-exces-de-colere-le-facteur-est-en-depression,462157.php
1 commentaire:
Très dommage pour ce facteur, la colère on ne controle pas desfois.
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