Le 25 novembre 2010, un étudiant de l’institut Vatel de Paris se jette du 19 e étage d’un immeuble de Las Vegas. Il s’appelait Fabrice Casteran et, comme Violène, rêvait de travailler dans un grand hôtel international.
C’est dans ce but, qu’il suivait un MBA dans un des établissements franchisés du groupe à Los Angeles. En ouvrant Le Progrès du 2 janvier, en lisant l’article qui relate la plainte déposée par la mère du jeune contre Vatel et le groupe hôtelier chez qui il effectuait un stage pour mort injustifiée, négligence et fraude, Albert et Martine Aubignat basculent dix ans en arrière. En un éclair, tout leur revient. Les images tragiques de la mort de leur fille, leur douleur, leur colère contre l’école lyonnaise et le procès qui a suivi. Dix ans de souffrance et d’absence. Sur les murs de leur salon à Vénissieux, une jeune fille brune sourit.
Violène avait 20 ans quand elle est morte dans son appartement de Shenzen en Chine. Étudiante en deuxième année de management hôtelier à l’institut Vatel de Lyon, elle doit suivre un stage de quatre mois à l’étranger, dans un pays anglophone. Ce sera la Chine et pas les États-Unis. Déception. Violène part néanmoins avec une amie de sa promotion, de façon précipitée, sans convention de stage. Sur place, elles déchantent. Le job est bien moins palpitant que ce qu’on leur avait décrit. De plus, elles sont hébergées loin de leur lieu de travail, dans un appartement aux installations vétustes. Violène déprime. Au téléphone avec sa mère, elle pleure. « Je lui ai dit de tenir le coup, elle n’avait que quatre mois à faire », soupire sa mère qui regrette aujourd’hui ses paroles.
Les deux jeunes filles ont l’impression d’être abandonnées à leur sort, délaissées par leur école. Le 28 août, Violène est en repos et seule à l’appartement. Elle se lève et s’approche de la gazinière. Quelques jours auparavant, elle se plaignait de coupures incessantes et avait dit à son amie : « C’est super dangereux, un jour, ça va nous exploser à la figure ». C’est ce qui se produit le 28 août. Une violente explosion suivie d’un incendie ravage le logement. La jeune fille est brûlée au 3 e degré, sur tout le corps. Rapatriée en France, elle décède le 4 septembre dans un hôpital parisien. Révoltés par cet accident, les parents portent plainte un mois plus tard contre l’institut pour manquement à son obligation de surveillance et de sécurité et contre l’hôtel chinois pour négligence. Classée sans suite par le parquet, la famille poursuit son combat au civil. Les témoignages d’étudiants stagiaires en Chine sont accablants. Le 6 décembre 2004, le tribunal correctionnel de Lyon « déclare l’institut Vatel entièrement responsable des conséquences dommageables de l’accident et le condamne à verser des dommages et intérêts ». Vatel fait appel mais le jugement est confirmé. « Dix ans après, rien n’a changé. Ils placent leur stagiaire sans trop savoir où ils mettent les pieds. Un autre jeune est mort », lâche avec amertume, la mère de Violène. Depuis ce mois d’août, elle se rend tous les jours au cimetière. Retranché dans sa douleur, Albert, le père de Violène ne parvient pas à évoquer le drame. Un an après l’accident où a péri sa fille, les médecins lui ont découvert une tumeur au cerveau.
Jocelyne Sebban était directrice à l’époque de l’accident. Aujourd’hui en retraite, elle se souvient bien de l’affaire qui « avait bouleversé l’ensemble de l’école et des étudiants ». « C’était un accident de la vie qui aurait pu se produire n’importe où. J’ai été mise en cause à tort. Le patron de l’hôtel a été complètement absent suite à l’accident et cela a choqué les parents de Violène. D’ailleurs, il n’a pas été inquiété. Mais il fallait un responsable ». Après l’accident, la directrice n’a plus envoyé d’élèves dans cet hôtel. Elle souligne que, par sécurité, les étudiants partent toujours à deux en stage à l’étranger. Concernant le suicide récent de Fabrice Casteran, l’école souligne qu’elle n’a pas été informée officiellement d’un dépôt de plainte à son encontre de même que Vatel Los Angeles, établissement franchisé. Le groupe Vatel compte 6 000 étudiants dans le monde.
http://www.leprogres.fr/rhone/2012/02/06/institut-vatel-la-mort-de-violene-huit-ans-avant-le-suicide-de-fabrice
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