Une bonne présentation, des garanties apparentes, des pièces officielles… Tous ont été séduits par leurs intermédiaires. Un océan de profits s'annonçait, mais 700 000 euros ont été siphonnés. Hallucinant.
COMMENT est-ce possible de confier près de 500 000 euros à un inconnu au motif qu'il apparaît carré, crédible, compétent et à même de multiplier les billets comme d'autres les pains ? C'est cela que les juges réunis depuis hier en audience correctionnelle à Laon ne seront pas parvenus à comprendre. François Trichet, l'un des anciens codirigeant de Big mat à Chambry ne leur en voudra pas : lui-même aujourd'hui ne sait toujours pas comment son cousin et lui ont pu si facilement faire confiance sans plus de garanties.
Le mystère des rencontres
Ils ont payé cher une telle crédulité. Olivier, certes fragile mais terrassé par cette affaire, s'est donné la mort il y a quatre ans à son domicile. Il a fallu vendre l'entreprise familiale en 2002. Un demi siècle qu'elle prospérait à Laon… Les Trichet ont été couverts de honte. Leurs 24 salariés sont passés sous la coupe du groupe PPR et aujourd'hui d'investisseurs anglais. Leur banque, la Scalbert, elle qui avait pris les « pagarès » (*) confiés aux Trichet par le réseau Koité pour de véritables coupons garantis, a obtenu de ses clients laonnois le remboursement des 600 000 euros engloutis par les escrocs. Tout cela après cinq ans de procédure, et avec ses frais, pas loin de 900 000 euros au final… Le beau fiasco, orchestré de main de maitre par un occulte et supposé riche Sénégalais, à l'époque connu ni d'Eve ni d'Adam par les intermédiaires qui, finalement, ont rabattu vers lui du gogo. Le mystère des rencontres, des recommandations, des entrevues dans quelque cabinet en Belgique par exemple. C'est ainsi que le réseau se construit et pour ce qui est des Laonnois, à partir d'Alain Flamand. Flamand, l'homme qui a planté un peu plus que sa tente au domaine de Breuil…
Déjouer Tracfin
Les Trichet, comme d'autres, ont été mis en relation avec Marc Mouad, avec Jean-Claude Machuron, eux-mêmes approchés par d'autres intervenants. Évidemment, si chacun œuvre avec autant de zèle, c'est que des commissions sont prévues. Dans l'exemple des Trichet, 40 % des 7 millions espérés. Et ça n'a étonné personne.
Flamand qui joue au riche à Bruyères, les Trichet qui le croient, leur banque qui débloque et bien entendu, quand les promesses ne sont pas tenues, le technicien de la bande, Jean-Claude Machuron qui devient injoignable. « Je me souviens, un jour il m'a même raccroché au nez en me disant que je le dérangeais pendant une partie de golf ! », confie François Trichet.
Il faut dire que ce Jean-Claude porte beau. Les mécanismes qu'il décrit sont d'une absolue clarté selon lui. Sans doute aux premières heures de ce procès, son cerveau joueur s'ennuie-t-il déjà…
Aucun des prévenus ne l'a encore concédé : l'argent des commissions reversé par ce Koité qui gardait tout le reste pour lui, c'était bien le signe d'une escroquerie ou pas ? Parce que les dossiers se sont tout de même multipliés et, au final, ce sont plus de 700 000 euros qui ont transité sur les comptes du mystérieux Sénégalais… On a un début de réponse avec cette confidence : Jean-Claude Machuron demandait que l'on répartisse suffisamment les primes pour passer sous le seuil de détection des contrôleurs de Tracfin. On est jamais trop prudent.http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/escroquerie-rendements-records-comment-ont-ils-pu-y-croire
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