Pour une raison inconnue, un homme s'est retranché dans la chambre de son hôtel avant de tout jeter par la fenêtre. Sans dire un mot. Au bout de trois heures de siège et de pourparlers infructueux, les policiers l'ont neutralisé par un tir de Taser.
LE jour était en train de tomber, hier, quand les premiers objets en flammes se sont envolés depuis une fenêtre de l'Hôtel d'Alsace, situé rue du Général-Sarrail à Reims, à quelques pas de l'hôtel de ville.Toutes les images.
A l'arrivée des policiers, un amas de débris calcinés et disloqués encombrait déjà la chaussée de la rue adjacente des Écrevées où, au troisième étage donnant sur la ruelle, un client, manifestement en proie à une crise de démence, venait de se retrancher dans sa chambre. Mobilier, sanitaire, literie, téléviseur, menuiseries, huisseries, fils électriques, son accès de folie n'a rien épargné.
Connu de la police
Tout a commencé aux alentours de 17 h 30, lorsque le désordre a commencé à se faire entendre dans les étages de l'hôtel. Pour une raison qui demeure encore indéterminée, l'homme a soudainement entrepris de se barricader en bloquant la porte à l'aide du lit et d'une armoire avant de saccager la chambre qu'il occupait depuis deux mois, en jetant par la fenêtre, au gré des dégradations, tout ce qui lui passait sous la main.
Un comportement incompréhensible pour Alain Walker, le propriétaire de l'établissement. « Je ne sais pas ce qui s'est passé, s'étonne-t-il. Depuis qu'il est là, je n'ai jamais eu de problème avec lui. Il sortait, il rentrait normalement. Il me disait toujours bonjour, aimablement. Il ne faisait jamais de bruit la nuit. »
Inscrit sur le registre de l'hôtel sous l'identité de Raphaël Ayassi, l'homme, au physique corpulent, âgé d'une trentaine d'années, est pourtant connu des services de police, principalement pour des faits de droit commun. Pas plus tard que la veille, des fonctionnaires étaient déjà intervenus à son sujet. « Il se plaignait de mauvaises odeurs, témoigne le fils du patron. Il pensait que cela venait du fait que quelqu'un urinait dans le lavabo. Il a cru que c'était la personne du dessus. Alors, il est monté pour lui dire d'arrêter, mais le client a eu peur et il a appelé la police. » N'ayant rien à lui reprocher, l'affaire en était restée là.
Craignant cependant qu'il ne déclenche cette fois un incendie, les forces de l'ordre ont alors sollicité les sapeurs-pompiers qui ont tout mis en œuvre pour sécuriser le secteur, prenant position, munis de lances, jusque dans l'immeuble d'en face, dont l'accès se situe au 4 bis de la rue du Général-Sarrail.
Pendant près de trois heures, les policiers ont, quant à eux, tenté d'engager le dialogue avec le dénommé Ayassi, derrière la porte de sa chambre. Mais, à aucun moment, ce dernier n'a prononcé le moindre mot, se contentant, affublé d'une cagoule et de gants, de tout détruire et de jeter méthodiquement les débris par la fenêtre, y mettant parfois le feu, prenant à chaque fois le temps de jeter un œil dehors sous le regard des policiers, des pompiers et de quelques curieux rassemblés sur le trottoir, au-delà du périmètre de sécurité. Alain Walker et son fils ont bien essayé, eux aussi, de le raisonner, en vain. L'homme n'a pas décroché un mot.
Puis, à 19 h 20, la lumière s'est éteinte dans sa chambre. Deux minutes plus tard, Raphaël Ayassi attachait une couverture à la rambarde extérieure de la fenêtre.
A 20 heures, il allumait un feu sur le rebord.
Et à 20 h 11, il déroulait une corde de fortune confectionnée à l'aide de sacs plastique.
Musclé
Ne sachant s'il était armé et redoutant par ailleurs qu'il ne se jette dans le vide, les policiers ont attendu le moment opportun pour passer à l'action. Toutes les précautions ont été prises afin d'éviter un drame. Placés sous le commandement de la directrice départementale de la sécurité publique, Annie Brégal, et de son adjoint Jean Ollier, les hommes de la section d'intervention de Reims et plusieurs policiers de la Sûreté départementale, dont le commandant Roger Camps, chef de l'état-major, ont alors interpellé l'individu au terme d'une opération musclée, menée de main de maître.
Il était précisément 20 h 35 quand Raphaël Ayassi a, en l'occurrence, été neutralisé par un tir de Taser. L'intéressé a ensuite été conduit sans tarder à l'hôtel de police, où il a été placé en garde à vue.
Reste à savoir maintenant ce qui a bien pu déclencher un tel phénomène.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/un-client-dement-joue-fort-alamo
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