Le procureur de la République de Nîmes, Robert Gelli, a annoncé hier après-midi l’ouverture d’une information judiciaire dans l’affaire de la nonagénaire battue à mort, dimanche 25 septembre, dans l’établissement gériatrique du CHU de Nîmes, Serre-Cavalier. Une instruction à double détente. Un premier volet concerne les "coups mortels" portés par le suspect, un homme de 91 ans, interné depuis en psychiatrie, qui, envisage le magistrat, devrait être déclaré irresponsable. Selon l’autopsie réalisée hier matin, ces coups ont été portés à mains nues ; deux d’entre eux ont été particulièrement violents : la cloison nasale a été enfoncée et un impact à la tempe gauche "serait à l’origine du décès" en engendrant "une hémorragie et un œdème cérébral".
Le deuxième volet de l’instruction, pour "homicide involontaire", est relatif au cadre et au contexte de l’affaire, "afin de vérifier si toutes les conditions de prise en charge" de la victime et de l’agresseur présumé ont été réalisées. "Compte tenu aussi des deux agressions précédentes", en maison de retraite, imputables à cet homme, souligne M. Gelli. La victime est à chaque fois une femme qu’il a attaquée à coups de poing. En septembre dernier, où le personnel serait intervenu à temps ; en novembre 2010, "plus grave", sur une pensionnaire qui avait dû être hospitalisée.
Un peu plus tôt dans la journée, en conférence de presse convoquée par la direction du CHU, le docteur Denise Strubel avait estimé cependant que cet homme, tout comme la victime, avait bien sa place dans l’unité cognitivo-comportementale (UCC), ouverte en juillet 2010 et dont elle est la responsable. "Il n’avait pas d’antécédent", a-t-elle dit, avant d’invoquer le secret médical. Puis, précisant : "Il a eu des troubles du comportement connus mais en aucun cas de la nature de ce qui a été commis (dimanche)." Le 25 septembre, au moment de la relève des équipes, vers 13 h 30, "il a eu une pulsion, qu’il n’a pas pu contrôler" et qui n’était "pas prévisible", a-t-elle ajouté. On voit donc que l’enquête judiciaire et aussi l’enquête médico-administrative ouverte par l’agence régionale de santé (ARS) seront bel et bien amenées à faire la part des choses.
Créées dans le cadre du plan Alzheimer pour accueillir des "malades difficiles" (opposition aux soins, refus de s’alimenter, agressivité...), les unités cognitivo-comportementales (60 en France) privilégient des "stratégies non médicamenteuses". Elles sont "encore expérimentales" et en cours d’évaluations. À ce titre, pour le docteur Strubel, cette affaire va nécessairement avoir "une répercussion nationale". "Nous allons travailler pour plus de sécurité, a d’ores et déjà annoncé le directeur général du CHU, Jean-Olivier Arnaud. Nous n’allons pas renoncer à accueillir ces patients."
http://www.midilibre.fr/2011/10/03/battue-a-mort-en-geriatrie-une-instruction-ouverte,397550.php
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