Durant plusieurs mois, un couple a confondu le carnet de chèque de l'association et le leur. Respectivement secrétaire et trésorier de l'Union des locataires des Chesneaux de Château-Thierry, Émilie et Mickaël ont vidé les comptes de l'association, puis émis de nombreux chèques sans provision entre janvier 2009 et mars 2010. En début de semaine, ils ont été jugés par le tribunal correctionnel de Soissons.
« Vous avez utilisé les deux chéquiers à des fins personnelles ? » interroge la présidente. Émilie, les mains croisées sur sa robe bigarrée, acquiesce du bout des lèvres. La juge poursuit : « Vous avez une idée du préjudice total ? » Émilie, d'une voix hésitante : « 2 600 euros… » En réalité, le préjudice estimé s'élève à 3 800 euros. Néanmoins, de nombreux chèques ont été rejetés. Au final, le « trou » pour l'association s'établit autour de 2 200 euros.
« Nous n'avons pas affaire à de grands délinquants, mais l'abus de confiance est caractérisé », relève le vice-procureur Éric De Valroger. Comment expliquer le dérapage du couple ? Simplement, ils ont du mal à joindre les deux bouts, avec cinq enfants à charge, dont une fille handicapée. Mickaël, trentenaire rondouillard, distribue des prospectus dans les boîtes aux lettres. Émilie, elle, a dû arrêter de travailler en 2006 après la naissance de sa fille pour en prendre soin.
Les choses dérapent peu de temps après la naissance de l'association du quartier des Chesneaux. Le couple prend des fonctions au sein de la structure qui a pour but d'organiser des manifestations, de venir en aide aux habitants du quartier. Par exemple, une femme s'est fait avancer ses frais de vétérinaire, avant de rembourser à son rythme.
Condamnés à rembourser
Au départ, les adhérents de l'Union des locataires des Chesneaux versent une cotisation d'environ 10 euros et la mairie alloue une subvention de 500 euros mais le projet tourne mal. « Des activités, on n'en a pas fait beaucoup. On s'est vite fâché et l'association a périclité », indique l'ancien président au tribunal.
L'association bat de l'aile mais la secrétaire et le trésorier ont toujours les carnets de chèques en leur possession. Une spirale débute. Un exemple : la résidente qui s'est fait avancer les fonds pour les soins de son animal a rendu l'argent mais les fonds ne retournent pas sur le compte ! D'autre part, les bons du carnet à souche sont utilisés pour faire les courses, acheter un meuble de cuisine, payer des lunettes de vue… Et même financer une autre association créée par Émilie. « Elle visait à collecter des bouchons et les transporter à Arras. Certains chèques ont servi à payer les trajets », relève la présidente.
« Si l'on fonde une association qui a vocation à venir en aide aux plus démunis du quartier, détourner l'argent des comptes à des fins personnelles, c'est odieux », commente le vice-procureur De Valroger. Pour cet abus de confiance, il requiert une peine de trois mois de prison, avec l'obligation de réparer leurs torts.
Depuis les faits, le couple, qui a déménagé de la cité des Fables, a tenté de faire amende honorable. L'avocat de la défense, Me Bouchy-Lucotte, insiste sur ce point : « Monsieur et Madame ne sont pas de mauvaise foi. Ils racontent leur histoire et veulent s'excuser. 2 000 euros ont été déposés sur un compte. J'en atteste. Ils ont raclé les fonds de tiroir, demandé de l'aide à leurs amis, à leurs familles. »
Les magistrats ont pris acte de cette démarche. Le couple a été reconnu coupable, mais n'est pas condamné pour le moment. Ils ont six mois pour apporter la preuve au tribunal qu'ils ont réellement épongé leur dette. Dans le cas contraire, la sanction tombera.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/chateau-thierry-un-trou-de-plus-de-2-000-euros-dans-les-caisses-les-responsables-sipho
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire