Vous êtes amateur de femmes, ça n’est pas un crime. Mais vous les aimez tellement que vous les faites travailler pour gagner beaucoup d’argent", assène la présidente Claudine Laporte. En face d’elle, tête baissée et rasée, chemise chic, Stéphane, Nîmois de 41 ans, a du mal à répondre aux offensives de la magistrate.
"Et votre nouvelle femme, vous l’avez rencontrée où ?", poursuit-elle.
Dans une soirée, à Toulouse."
Ce gérant d’entreprise est accusé de proxénétisme. Mais ce n’est pas le julot casse-croûte à l’ancienne qui envoyait les filles tapiner sur le trottoir. Mais plutôt le souteneur moderne qui se sert d’internet pour draguer et recruter celles qui vont l’enrichir.
"Y’a jamais eu de rapport d’argent avec elles", se défend-il mollement.
En février 2009, il est interpellé par la sûreté départementale alors qu’il s’apprête à organiser une fameuse soirée gang-bang à Montpellier, avec un droit d’entrée de 250 € à 500 €.
Oh, pourtant, les quatre victimes recensées - aucune n’était là, ni partie civile - ne sont pas toutes des oies blanches, loin de là... La première, celle qui l’a dénoncé avant de se raviser, est une escort girl de luxe venue se mettre au vert dans la région et qu’il a rencontrée sur le site Meetic. Ils vivent ensemble une passion amoureuse et il lui propose rapidement de se prostituer à domicile, qu’importe qu’il soit présent, y compris avec son jeune fils. Mais le jour où elle s’aperçoit qu’il lui a volé 3 000 €, elle le met à la porte. Il séduit ensuite une jeune Marocaine, qui, elle, n’est pas apparemment porté sur la “chose”.
Il envisage le mariage avec elle mais, bien vite, "vous lui proposez de travailler, de faire des massages avec finition manuelle, détaille la présidente. Vous faisiez les petites annonces et l’avez incitée à aller vers la prostitution." Le quadragénaire conteste mollement, affirme que les massages ne devaient pas être érotiques.
Dans le même temps, il recrute sur internet et accueille deux autres femmes qui vendent leurs charmes dans son appartement, reversant un pourcentage à leur hôte qui, parfois, participe aux ébats. La première, qui mène une double vie, se définit comme libertine, désireuse d’assouvir sa libido avec des hommes qu’elle ne connaît pas, "et qui s’est dit : “Autant gagner de l’argent”". La seconde, étudiante, vend son corps jusqu’à 250 € de l’heure.
"250 €, c’est mieux qu’un avocat !, lance la présidente, très en verve, qui convoque alors le fantôme de DSK. Elle ne s’appelait pas Nafissatou mais Afinatou, il faut porter la voix de ces femmes qui sont abusées."
Le prévenu, muet à l’audience, avait dit en garde à vue reconnaître "les faits de proxénétisme par inadvertance", lit la présidente, qui le cloue alors au pilori :
"C’est se moquer du monde monsieur !"
http://www.midilibre.fr/2011/09/23/le-proxenete-recrutait-les-filles-sur-internet,392337.php
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