vendredi 24 juin 2011

Enquête. L’accident de Jean Michelot, vigneron expérimenté, relève surtout de la fatalité.

Chaleureux, amical, arrangeant : Jean Michelot va laisser un vide à Pommard. Parce qu’en plus de faire un vin assez renommé, c’était un homme jovial, apprécié de ses voisins, de ses amis. Alors comment lui, qui était pilote d’avion, dont l’expérience dans les vignes n’était plus à démontrer, n’a-t-il pu éviter le retournement de son enjambeur (voir notre édition d’hier) ?

Arceaux obligatoires

Les pistes de réflexion sont multiples. L’engin que conduisait Jean Michelot a été construit il y a près de cinquante ans. « Il avait une transmission mécanique. Il n’était pas à l’abri d’une chaîne qui casse. Et là, une fois que l’engin dévale la côte… Et avec ce type de transmission, quand la vitesse s’accélère, le véhicule devient plus difficile à ralentir », explique Thierry Bolot, responsable technique chez Faupin, à Beaune. Ironie du sort, Jean Michelot avait fixé des arceaux de sécurité sur sa machine. « Aujourd’hui, tous les engins agricoles en sont équipés. Mais pour être efficaces, ils ne doivent pas être plus bas que la hauteur de la tête », reprend Thierry Bolot, qui reste incrédule devant les photos de l’enjambeur renversé sur la chaussée. Aujourd’hui, les machines modernes sont plus rassurantes, grâce notamment à des transmissions hydrostatiques. Mais rien ne dit qu’avec cette technologie, l’accident ne se serait pas produit. « Ça reste des engins qui demandent une certaine maîtrise. Il existe d’ailleurs des formations pour les conducteurs, dispensées par le CFPPA ». À la MSA de Bourgogne, on explique que ce genre d’accident est somme toute assez fréquent. Selon Matthieu Danguin, responsable de la prévention des risques professionnels, « le renversement représente près de 10 % des décès annuels des agriculteurs en France ». Curieusement, ce ne sont pas les enjambeurs qui se retournent le plus souvent, mais les tracteurs.

Des protections contre le renversement

« Depuis le 1 er janvier 2010, tous les engins doivent être équipés d’une structure de protection contre le renversement. Une fois sur deux, couplée avec la ceinture, cette structure sauve le conducteur », explique encore Matthieu Danguin, qui ajoute que s’il existe des formations continues à destination des salariés, rien n’est proposé aux retraités. Et de conclure : l’essentiel, c’est d’évaluer les risques quand on conduit un engin agricole. Chose qu’avec son expérience, Jean Michelot avait faite. Alors pourquoi cet accident ? Une seule réponse vient à l’esprit pour le moment : la fatalité, couplée à une pente trop prononcée.
http://www.bienpublic.com/cote-d-or/2011/06/23/incomprehension-a-pommard

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