Il a 13 ans et il porte aux pieds des baskets neuves que vient de lui acheter sa maman. « On a économisé un euro après l'autre », dit-elle. Il a 13 ans et il est accompagné, dans le métro, de son petit frère âgé de 11 ans qu'il tient par la main. Station Porte des Postes, à Lille, les deux enfants sont abordés par Jason Demestre, 18 ans, qui vit à Lesquin et qui a déjà souvent été condamné.
Très classiquement, le futur agresseur commence par demander l'heure aux deux enfants afin de simuler une simple discussion. Le prévenu fouille leurs poches pour voir s'ils portent un téléphone portable, il s'enquiert des marques des vêtements et, finalement, il jette son dévolu sur les baskets du grand. Il l'empoigne par le cou et l'épaule et l'oblige à se déchausser en le menaçant et en l'insultant. L'enfant discute, puis cède. Son petit frère ne peut s'empêcher d'intervenir. D'où de nouvelles menaces et insultes.
« Climat d'angoisse »
Les caméras de surveillance confirment le déroulement des faits rapporté par les deux victimes. Mais, hier dans le box, le prévenu ne se démonte pas : « C'est lui qui m'a donné ses baskets. » Et d'ajouter : « Je ne l'ai même pas tapé. » La présidente Muriel Le Bellec insiste : « Ils ont pu avoir peur, vous ne croyez pas ? » Réponse : « Je ne sais pas, je ne les connais pas. » La présidente : « Et il vous fait le cadeau de ses baskets? » Réponse : « Ben, c'est la honte pour lui. Après, il ment. » La maman explique que les baskets valent 90 E. « Ah non, c'est pas possible ! » : tel est le cri qui jaillit du box des prévenus.
Sur les films des caméras de surveillance (les faits remontent au 15 avril), les enquêteurs reconnaissent Jason Demestre, un déjà vieux cheval de retour. Mardi, ils avisent le jeune homme dans le métro et l'interpellent. « Comment vous voyez votre avenir ? » s'enquiert la présidente Le Bellec. « Moyen », répond Demestre.
La procureure Johanna Brousse dénonce « le climat d'angoisse et de terreur autour de ces deux enfants dans le métro ». Et d'ajouter : « La remise des baskets n'a pas été spontanée. Il s'agit d'une extorsion pure et simple. Or, malgré les caméras de surveillance, le prévenu persiste avec un grand naturel à nier l'agression. »
En défense, Me Claude Mortelecque s'emploie à déminer le terrain : agresser des enfants dans le métro avec un tel casier est tout de même dangereux en comparution immédiate. L'avocat souligne le manque de repères familiaux de son client. L'agresseur s'en tire avec dix mois dont cinq avec sursis et mise à l'épreuve
http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2011/04/21/nef-1390117.shtml
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