mercredi 31 octobre 2018

Une Bisontine tuée alors qu'elle rentrait de courses : sur la piste du mari

Le tableau est saisissant. Cette bâche claire qui, hormis les pieds, recouvre intégralement un corps inerte. Cette importante flaque de sang qui, à proximité de la tête, rougit le bitume. Et ces techniciens de la police scientifique, vêtus de blouses blanches et de chaussons verts, qui gravitent avec précaution sur les lieux.
Il est 14 h 30, ce mardi. Le procureur de la République de Besançon vient d’arriver sur place et confirme aussitôt l’évidence : c’est bel et bien un homicide - commis en plein jour et en pleine rue - que doivent à présent élucider les services de police de la sûreté départementale.
De petits plots jaunes numérotés, quatorze au total, sont disposés au sol pour marquer d’éventuels indices. Certains désignent d’autres traces de sang, plus discrètes. À trois mètres de la victime, se tient également un cabas violet. Debout, intact. Détail presque incongru, au cœur de cette glaçante scène de crime. Âgée de 34 ans, la jeune femme revenait de courses et s’apprêtait à regagner son domicile, à deux pas de là, où l’attendaient deux de ses trois enfants, âgés de 9 et 11 ans. Poignardée vers 12 h 15, cette mère de famille afghane s’est finalement écroulée devant le 2, rue Wittmann, au cœur d’un petit quartier résidentiel sans histoire, non loin de l’école Jules-Ferry.

Un coup fatal porté à la gorge

Si une autopsie est prévue ce mercredi, les causes de la mort se devinent déjà. « Une plaie légère à gauche du cou et une plus importante au niveau droit, qui a sectionné la carotide », détaille le procureur de la République, Étienne Manteaux, qui supervise l’enquête. « Aucun vol d'opportunité sur la victime n'a été constaté », ajoute-t-il.
La situation de la défunte, prénommée Razia, n’était pas anodine. « Elle était hébergée dans un foyer dédié aux victimes de violences conjugales », précise Etienne Manteaux, qui révèle l’existence d’une ordonnance de protection vouée, comme son nom l’indique, à éloigner coûte que coûte Razia de son mari. Ce dernier était encore activement recherché par les policiers, ce mardi soir. « Attention, je ne dis pas que c’est lui, rien ne permet en l’état de dire que cette personne est l’auteur des faits, mais nous aimerions qu’il soit très vite entendu », avance prudemment le procureur de la République. 

Razia et ses enfants étaient arrivés en France il y a un plus d’un an. Menacée par son mari, qu'elle avait quitté mais dont elle avait peur, la trentenaire était prise en charge depuis de longs mois par l’association Solidarité Femmes de Besançon. Ses membres ont été bouleversés par l’annonce de sa mort si brutale, si sanglante.
Que la thèse du féminicide soit accréditée ou, à l’inverse, écartée par l'enquête en cours, une interrogation centrale demeure : ce crime était-il prémédité ? Aux yeux de la justice, lorsqu'il s'agit de prononcer une peine d'emprisonnement, la différence entre meurtre et assassinat se compte en années. Il appartient désormais aux policiers de résoudre l'énigme de la rue Wittmann


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