Les révélations du procureur de la République de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau, lors d’une conférence de presse ce mercredi matin, font froid dans le dos. Le 30 novembre dernier, Célia Orsaz, qui vécut toute son adolescence dans le pays graylois, en Haute-Saône, a été tuée avec une détermination implacable d’une balle de fusil de chasse en pleine tête, avant d’être enterrée dans la forêt de Picaussel (Aude). Une dense pinède escarpée et un haut lieu du maquis durant la dernière guerre.
La présence de la jeune femme n’était pas prévue dans le scénario conçu par les meurtriers de Christophe Orsaz et sa fille, tout juste âgée de 18 ans. Ils avaient par contre prémédité l’assassinat de son père. Et ce « depuis le mois d’octobre ».
Accompagné du colonel Philippe Coué, commandant de la section des recherches de la gendarmerie de Toulouse qui a mis en place une cellule de huit enquêteurs à plein temps dès le mois de février, le procureur Couilleau a dévidé le macabre déroulé des faits depuis la disparition de Christophe et Célia Orsaz, ce funeste 30 novembre 2017. Sans pouvoir malheureusement répondre à toutes les questions, protégeant ainsi l’enquête toujours en cours, ni, dans un cruel désarroi, lever la principale énigme de ce double meurtre : pourquoi ?
Ce jour-là, Christophe Orsaz quitte son domicile de Mirepoix, dans l’Ariège, vers 16 h 10. Avant de conduire sa fille à la gare de Pamiers, distante de 25 kilomètres, à bord de son Kangoo, il doit faire un important détour par Bélesta, au pied des Pyrénées-Orientales, pour un rendez-vous professionnel. Il se dirige tout droit vers un guet-apens fomenté par son ex-compagne, Marie-José Montesinos, une infirmière âgée de 57 ans, qui partage une même passion pour la randonnée en montagne. Elle est elle-même accompagnée de Jean-Paul Vidal, un mécanicien de la commune, qui fut également son amant.
Dans la première version donnée aux enquêteurs de la gendarmerie, il est prévu de « donner une leçon » à Christophe Orsaz, qui a vécu une relation tumultueuse avec Marie-José avant de rompre, mais a également contracté auprès d’elle une dette de 10 000 à 15 000 €, selon Le Parisien - Aujourd’hui en France. Le couple s’est équipé de barres de fer. Le jardinier paysagiste, qui vit de petits boulots grâce à ses dons de bricoleur, est frappé à mort.
Dans une seconde version obtenue lors de la garde à vue des meurtriers présumés, c’est bien un assassinat qui était programmé dans cette maison abandonnée. Ses instigateurs avaient même pris la précaution, a indiqué le procureur de la République, de mesurer au préalable le diamètre du puisard dans lequel le corps de leur victime a ensuite été jeté.
Mais l’imprévu s’invite en enfer, avec la présence de Célia qui, horrifiée, assiste à la scène et s’enferme dans la voiture de son père. Les meurtriers sont alertés par ses hurlements. Le complice de Marie-José Montesinos réussit alors à s’introduire dans le Kangoo et à maîtriser Célia. La jeune fille va être ligotée, baillonnée, avant d’être conduite, les yeux bandés, dans un secteur reculé de la forêt de Picaussel. Au retour de cette mortelle équipée, le Kangoo sera incendié sur le territoire de la commune de Puivert (Aude), où il sera découvert le 1er décembre.
Dès lors, pour les gendarmes, il n’y a plus guère de doute sur l’issue de la disparition du père et sa fille. L’étude de la téléphonie indique un ultime bornage à 17 h 32, le 30 novembre. Mais également la présence de personnes ayant côtoyé le disparu par le passé. Six mois d’une enquête minutieuse dans laquelle le redoutable logiciel de collecte d’indices et de recoupement Anacrim « a joué un rôle décisif », a confié le colonel Coué, vont permettre de conforter les soupçons.
Le procureur a requis le placement en détention des deux mis en cause, les chefs d'« assassinat et meurtre en concomitance d’un autre crime » ayant été ajoutés à l’information judiciaire initialement ouverte pour « disparition inquiétante ».
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