jeudi 21 juin 2018

Arrêt des soins pour Inès, 14 ans, dans un contexte tendu

L’événement est à la fois tragique et prévisible. L’appareil respiratoire qui maintient en vie Inès, une adolescente de 14 ans dans le coma depuis un an à l’hôpital des enfants de Nancy, a été arrêté ce mardi. Le cas de cette jeune fille a fait couler beaucoup d’encre car ses parents, un couple du Pays-Haut, se sont opposés à cet arrêt des soins.
Ils ont, en effet, toujours conservé un espoir de guérison de leur enfant atteinte d’une maladie neuromusculaire et victime d’une crise cardiaque en juin 2017.
Mais trois experts ont estimé que l’adolescente était dans « un état végétatif persistant » et qu’« elle n’aura plus jamais la capacité d’établir le moindre contact » avec son entourage. Ils ont donc préconisé « de laisser mourir Inès en lui assurant des soins palliatifs de qualité ».

Ultime tentative d’empêcher l’euthanasie passive

Les parents qui soutiennent avoir vu leur fille avoir des réactions, notamment des mouvements de la main ou du bras, ont tout fait pour empêcher qu’on la « débranche ». Ils ont saisi le tribunal administratif de Nancy puis le Conseil d’Etat. Avant de plaider leur cause devant la Cour européenne des droits de l’Homme.
Mais, au final, la procédure d’euthanasie passive a été validée. Restait à fixer une date. Celle de ce mardi a été retenue. L’arrêt du respirateur était programmé initialement pour le début d’après-midi. Mais un avocat a tenté de repousser l’échéance.
« J’ai été saisi en catastrophe par la mère d’Inès la veille au soir. J’ai tenté une dernière tentative de solution provisoire amiable. J’ai envoyé un huissier pour faire une sommation et obtenir l’accès à l’intégralité du dossier médical d’Inès. Car je suis avocat mais aussi médecin et j’aurai voulu apporter mon point de vue », explique Me Bernard-Marie Dupont du barreau d’Arras.
L’hôpital a pris le temps d’examiner puis de repousser ses arguments juridiques. « Ma marge de manœuvre était de toute façon étroite car tous les recours ont été épuisés », reconnaît Me Dupont.

Intervention de la police

L’arrêt des soins n’a donc été que différé. Inès a été finalement débranchée en fin de journée. Dans un climat plus que tendu. Les parents étaient présents. Et toujours aussi opposés à l’euthanasie passive de leur fille. Au point qu’il a fallu faire appel à la police pour rétablir le calme.
« On n’aurait jamais dû en arriver là. C’est une affaire dramatique qui est la conséquence d’une mauvaise loi : la loi Léonetti qui considère les médecins comme étant tout-puissants, avec les patients dans le coma », commente Me Dupont. « Lorsque j’ai appris l’arrêt des soins, j’avais presque l’impression que l’on m’annonçait l’exécution d’un de mes clients. C’est vraiment un moment terrible ! », ajoute Me Berna, le premier avocat des parents.
Inès est pour l’instant toujours vivante. Mais sa survie sans assistance respiratoire ne serait qu’une question d’heures ou de jours.


Aucun commentaire: