samedi 28 avril 2018

Vingt-cinq ans de réclusion criminelle pour avoir tué son épouse et dissimulé son corps

Au deuxième jour du procès d’Éric Desnoue devant la cour d’assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, l’avocat général Philippe Pin a requis vingt-cinq ans de réclusion criminelle.
"J’aurais demandé la peine maximale, soit la réclusion criminelle à perpétuité", se justifie-t-il, "s’il avait été établi que l’accusé avait tenté d’empoisonner sa femme en septembre 2012. Je l’aurais aussi demandé si l’acte avait été précédé d’acte de torture et de barbarie."
Ses réquisitions tiennent compte de l’impossibilité de déterminer les causes de la mort.
"L’a-t-il frappé de manière répétée, a-t-il utilisé un couteau, une arme à feu ou une hache », poursuit-il. "Cette question n’aura jamais de réponse, faute d’autopsie. Elle n’a pas pu être pratiquée, car l’état de décomposition du corps ne le permettait pas. En effet, lors de la découverte en juin 2014, il ne restait que des ossements."
Selon le vice-procureur de Belfort, les incohérences dans les déclarations d’Éric Desnoue ne plaident pour la thèse des coups et blessures involontaires ayant entraîné la mort. Une conviction que partage Me Julien Robin, l’avocat des trois filles de la défunte.
"S’il l’avait poussé d’un coup d’épaule dans les escaliers comme le prétend l’accusé », poursuit-il, « on ne retrouvait aucune trace de sang dans la chambre, le couloir et les escaliers."
De ses éléments, son confrère, Me Randall Schwerdorffer, l’avocat de la famille de la victime, en a conclu que le drame serait consécutif d’une préparation pour "se débarrasser de Françoise, une épouse affaiblie par la maladie qu’il n’aime plus."
« L’un des mobiles pourrait être l’argent », souligne-t-il. "Les comptes bancaires de Françoise ont été pillés. Les trois kilos de pièces en argent et les bijoux ont disparu. L’autre mobile pourrait être la volonté de l’accusé d’installer sa maîtresse chez lui, dans un nid douillet."
Dans ses réquisitions, l’avocat général ne croit pas au sentiment de panique qu’aurait épousé le chauffeur routier de 56 ans en découvrant la mort de son épouse.

"On ne panique pas dix mois"

"On panique quelques minutes quelques heures tout au plus, mais on ne panique pas durant dix mois", soutient-il.
Il s’est étonné qu’au lieu d’attendre tranquillement chez lui d’avoir des nouvelles de la disparue, il a passé une partie du week-end avec sa maîtresse. »
Enfin, il a soulevé "le caractère glauquissime du dossier" : "la défunte abandonnée nue dans le bois et livrée aux chiens et aux renards, la découverte du vibromasseur dans l’assise du corps pour peut-être faire croire à un meurtre à caractère sexuel".
Plaidant pour la thèse des coups et blessures ayant entraîné la mort, l’avocat de la défense, Me Patrick Uzan, s’est emporté contre ceux qui ont imprégné l’idée que son client manquait d’empathie.
"Je trouve tout aussi inadmissible les suspicions faites devant cette cour", déclare-t-il. "Il aurait préparé la tentative d’empoisonnement de la victime. On peut se demander si elle n’a pas ingéré le produit caustique sur son lieu de travail. Il aurait repéré le bois d’Urcerey où le corps a été abandonné. Il aurait prémédité le meurtre. Il n’y a pas d’éléments matériels pour le confirmer, mais on veut le faire payer coûte que coûte"


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