Les visages des deux conseils blêmissaient à mesure que leurs clients répondaient avec une rare désinvolture au tribunal. «Je me tiens comme je veux, tu ne me dis pas comment je dois me tenir !», lui répondait du tac au tac Élodie L., 34 ans, onze mentions à son casier judiciaire, qui était poursuivie, avec son compagnon, pour un vol en réunion avec violences le 10 août dernier, à Négrepelisse. «Vous ne vous adressez pas ainsi à la présidente», lui rétorquait vertement le substitut du procureur, Mathias Marchand, non sans que le policier, assurant la garde du tribunal, soit lui aussi contraint d'intervenir pour ramener un semblant de calme
Condamné à 3 mois vendredi, il écope de 6 mois mardi
Dans ce couple infernal, Jérémy M., 30 ans, quinze mentions dont la dernière à trois mois de sursis avec mise à l'épreuve (SME) pour violences conjugales jugées vendredi dernier (notre édition du 10 décembre), n'était pas en reste. «On a peut-être volé mais elle n'avait pas à nous casser la vitre de la Clio», s'emportait ce multirécidiviste qui incriminait la victime : une modeste caissière de l'Intermarché de Négrepelisse qui avait eu le courage de se constituer partie civile, et de se déplacer, sans avocat, à l'audience. «J'étais à l'accueil quand je l'ai vu mettre un objet dans sa poche qu'elle n'a pas payé à la caisse. Elle s'est emportée quand elle a été prise devant le fait accompli. Elle est partie sans payer avec son ami», témoignait l'employée de la grande surface qui avait suivi le couple de chapardeurs sur le parking pour noter la plaque d'immatriculation de leur véhicule.À partir de là, comme durant cette audience, tout allait prendre une tournure hors de proportion. «Elle est revenue vers moi pour me frapper et m'a cassé mes lunettes. L'homme, au volant de son véhicule, m'a foncé ensuite dessus. C'est là, que j'ai tapé dans la vitre», poursuivait la salariée qui se voyait, une nouvelle fois menacée par l'accusée, obligeant le garde à intervenir encore pour éloigner la furie.
Il sort avec un démonte-pneu et brise les vitres de «l'Inter»
«Il a ensuite fait demi-tour, et il est sorti avec un démonte-pneu pour briser quatre vitrines de l'enseigne», concluait la caissière. Revenant sur l'hystérie de la mise en cause, non sans que celle-ci lui coupe encore la parole, le substitut Marchand requérait huit mois dont quatre mois de SME pour le couple.«Si on les avait laissés partir, rien de tout cela ne se serait passé ainsi», plaidait l'avocate de Jérémy, Me Imane Krimi qui rappelait que l'enseigne avait tout pour déposer plainte les enregistrements de vidéosurveillance et l'immatriculation du véhicule. «Ils vivent dans une extrême précarité sous une tente plantée dans un camping», insistait-elle. «L'agressivité et l'hystérie de ma cliente me surprennent, plaidait avec flegme l'avocate d'Élodie, Me Amélie Piazzon. Elle est en panique, et sa vie n'est pas un long fleuve tranquille : elle a 30 ans, trois enfants dont un décédé à dix ans d'une leucémie, son compagnon assassiné pendant sa grossesse, et un autre qui s'est suicidé.» Un profil qui aurait plaidé en faveur de la mère de famille qui aggravait finalement son cas lors de l'énoncé du verdict en début de soirée.
Condamnés solidairement à six mois ferme et 1 000 € de préjudice moral, la trentenaire et son compagnon vociféraient, une fois encore, leur mécontentement. «Elle n'aura pas un centime!», balançait la prévenue comme un crachat à la figure de la caissière.
«T'es morte !»
La tension montait encore d'un cran lorsque le couple lançait en croisant une dernière fois la victime : «T'es morte!(sic)». Une menace de mort que faisait immédiatement relever le magistrat du parquet pour engager de nouvelles poursuites. Conduite sous la protection de la police à l'accueil du palais de justice, l'employée du supermarché devait attendre un long moment alors que la nuit était tombée que le couple quitte le parvis de la place du Coq pour pouvoir regagner, enfin, son domicile.Les magistrats de cette audience correctionnelle électrique n'en avaient toutefois pas terminé avec les incidents : le substitut Mathias Marchand réclamant dans le dossier suivant, chose rare, un outrage à magistrat après avoir été vertement admonesté par une autre prévenue.
http://www.ladepeche.fr/communes/negrepelisse,82134.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire